Visiblement en colère, les visages rougis et le cœur brisé, des femmes marchandes veuves déplacées du marché central de Bunia promettent de maudire la province de l’Ituri, qui fait face à d’énormes difficultés sur le plan sécuritaire alors qu’elle est sous état de siège.
À la base, elles accusent la cheffe intérimaire de ce marché public de l’État congolais d’avoir vendu au moins 12 hangars à des personnes ayant des parcelles de responsabilité, ceci en complicité avec l’hôtel de la ville.
C’est ce mardi 15 octobre 2024 à Bunia que celles qui vendent de farine de manioc et des cantines de maïs dénoncent plus haut ce qu’elles qualifient de banditisme.
« Ici, au Grand Marché, maman Hélène a vendu les hangars. Elle a dit que nous devions partir, car ils vont construire des galeries. Alors que moi, j’ai 35 ans ici au marché et je vends de la bouillie. J’ai scolarisé mes enfants grâce à mon travail. Et maintenant, elle veut me faire sortir d’ici. Maintenant, où vais-je aller ? », s’interroge cette femme marchande sous couvert d’anonymat. Une autre, sous le coup de la colère, ajoute : « Nous demandons secours aux autorités, car nous mourrons ici. Maintenant, où peuvent aller les mamans du marché ? Les mamans n’ont-elles pas de valeur dans ce pays ? Ce sont les mamans qui ont mis au monde les gouverneurs ; ce sont les mamans qui ont mis au monde tous ces commerçants. Même le Président de la République, ce sont les mamans. Est-ce que les hommes ont déjà transporté les enfants dans leur ventre ? », s’est-elle exprimée dans la colère.
En réaction à ce sujet, Madame Hélène, la cheffe intérimaire de ce marché, s’inscrit en faux contre ces allégations.
S’exprimant hors micro, elle précise que ces hangars ne sont pas vendus, mais que ces femmes doivent libérer ces espaces pour la modernisation et qu’il y a d’autres lieux où elles pourront s’installer.
« Il y a d’autres endroits réservés pour elles. Elles doivent garder leur calme », a-t-elle rassuré.
Signalons que cette même situation a été observée le samedi 12 octobre dernier à Bunia, où des femmes déplacées, veuves et vendeuses de choux, poissons et autres produits de première nécessité avaient également déploré cette vente en complicité avec l’hôtel de la ville, qui est clairement le maire de la ville.
Jonathan Bavonga