Dans un coup de théâtre diplomatique, le Rwanda a opposé, ce jeudi 30 octobre 2025, un refus catégorique à la décision prise par la conférence internationale de Paris de rouvrir l’aéroport de Goma.
Cette mesure, destinée à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire en RDC, a été qualifiée d’irréaliste par Kigali, jetant un froid palpable sur les discussions pour la paix et la prospérité dans la région des Grands Lacs.
La position rwandaise a été fermement énoncée par son ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, en marge des pourparlers. Interpellé par la presse, le chef de la diplomatie n’a pas mâché ses mots pour discréditer l’initiative soutenue par plusieurs capitales et organisations internationales.
« La proposition de rouvrir l’aéroport de Goma n’est tout simplement pas réaliste dans le contexte actuel », a-t-il déclaré, avant d’ajouter un argument qui soulève les tensions : « L’aéroport de Goma est occupé par les autorités de fait. Ici, à Paris, le M23 n’était pas représenté. »
Cette référence directe au groupe rebelle M23, actif dans l’est de la RDC et considéré par Kinshasa comme étant soutenu par Kigali, une accusation que le Rwanda dément, est perçue par les observateurs comme une volonté de légitimer le mouvement. En insinuant que toute décision concernant Goma est nulle sans la participation du M23, le Rwanda remet en cause la souveraineté de la RDC sur son propre territoire.
M. Nduhungirehe a ensuite orienté la solution vers un autre forum diplomatique, affirmant que « le cadre approprié pour discuter de cette question reste Doha ». Cette déclaration est un clair rappel que le Rwanda privilégie le processus de médiation en cours au Qatar, où les discussions incluent les rebelles, plutôt que les initiatives multilatérales comme celle de Paris.
Cette prise de position ferme et publique risque de compromettre les fragiles avancées de la conférence de Paris. Les organisateurs espéraient faire de la réouverture de l’aéroport de Goma, point stratégique crucial, un signal fort pour le désenclavement humanitaire d’une région en proie à une crise catastrophique.
La réaction de Kinshasa ne s’est pas fait attendre. Une source proche de la délégation congolaise a dénoncé « un argument fallacieux et une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures de la RDC », rappelant que l’aéroport de Goma est une infrastructure souveraine de la République démocratique du Congo.
Le rejet rwandais laisse présager de nouvelles difficultés pour les millions de civils pris au piège des combats dans l’est du Congo. Alors que la communauté internationale cherche une porte de sortie humanitaire, Kigali en barre délibérément une, exigeant que l’on passe par la case Doha, où son influence sur le M23 lui assure, selon les analystes, une position bien plus forte.
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Le processus de paix dans les Grands Lacs semble plus que jamais enlisé dans le jeu complexe et dangereux des diplomaties parallèles et des allégations. La conférence de Paris, qui devait apporter des solutions, se heurte une fois de plus à la réalité géopolitique implacable de la région.
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