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    Deux jeunes artistes de l’Ituri, province du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) subliment les épreuves et les espoirs de leur région à travers des créations artistiques vibrantes. Doriane Unega, artisane engagée, et Bonheur Aboa, peintre prodige de 17 ans, incarnent une génération déterminée à combattre l’oubli par l’art.

    Leurs œuvres, exposées au sein de l’entreprise de l’Ebenezer, transforment le quotidien en une ode à la récupération et à la couleur.


    Des bracelets recyclés pour tisser des récits

    Doriane Unega redonne vie à des objets abandonnés, collectés dans la brousse.

    « Ce sont des matériaux que personne ne valorise. Moi, je les tisse en bracelets. Je monte les chaînettes. Ce travail me passionne, car il révèle des histoires invisibles », explique-t-elle. Ses créations, à la fois modestes et puissantes, capturent les récits.

    À ses côtés, Bonheur Aboa, adolescent au talent précoce, traduit sur toile les paradoxes de sa région. Ses peintures mêlent couleurs éclatantes et silhouettes fragmentées, évoquant des émotions vibrantes. « Chaque trait est un combat contre l’oubli », confie-t-il, un pinceau à la main. Une de ses œuvres phares porte une inscription répétée en mantra  : «  Se lamenter sur un malheur passé est le plus sûr moyen d’en attirer un autre.  » Interrogé sur cette phrase, il précise : « Mon art invite à regarder devant, sans nier la douleur, mais sans s’y enliser. »

    L’Ebenezer, sanctuaire de la mémoire artistique

    Leurs créations sont exposées à l’Ebenezer, espace culturel émergent devenu un lieu de convergence pour les artistes locaux. Les visiteurs y découvrent un dialogue entre recyclage et mémoire, héritage et renouveau. « Leur travail dépasse l’esthétique. » C’est une archive vivante de l’Ituri », souligne un visiteur.

    L’art comme acte de résistance. Pour Doriane et Bonheur, l’art est bien plus qu’un exutoire, c’est un acte de résistance. « Nos mains peuvent réparer ce que la violence a brisé, » affirme Doriane. Bonheur renchérit.

    « La jeunesse doit croire qu’elle peut peindre son propre avenir, même sur des toiles déchirées, » a-t-il conclu.

    Alors que le soleil décline sur Bunia, leurs œuvres murmurent aux passants une question essentielle  : et si la beauté était le premier pas vers la guérison  ?

    Grâce Kasemire

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