À Djugu, un territoire de la province de l’Ituri, au nord-Est de la RDC, la paix reste un luxe (jusqu’ici) inaccessible pour les habitants. Les histoires se répètent, les cris d’alarmes se multiplient, les efforts sont consentis, mais la réalité sur le terrain est la même : présence des groupes armés à la fois cruels et « présumés protecteurs ».
Pour la première semaine du mois de décembre 2024, Djugu a encore sombré. Une histoire qui date. Depuis 2017, avec l’avènement de la CODECO, le territoire de Djugu fait face à une turbulence. De la CODECO à Zaïre, la population est plus souvent prise en étau.
3 ans après l’état de siège, la situation jongle entre accalmie (précaire ou apparente) et reprise des hostilités. La principale victime : paisible population.
Entre mardi, mercredi et jeudi 5 décembre 2024, Djugu a, une nouvelle fois, marqué l’actualité. Des civils tués, d’autres blessés, des maisons dévalisées, des biens perdus ou emportés entre Kpadroma, Bakonde et ailleurs.
« Nous demandons aux autorités de renforcer l’effectif militaire », une demande constante de la société civile de l’Ituri « hautement préoccupée par cette situation (reprise des hostilités : ndlr) perplexe ».
Les histoires anciennes n’auront visiblement pas servi de leçons pour l’Ituri, déjà théâtre des guerres interethniques entre 1999-2002. Le vivre-ensemble, la cohabitation pacifique souffrent dans certaines entités.
Les efforts sont par conséquent éparpillés. Les miliciens prétendent les uns défendre leurs communautés contre les menaces des autres.
Mais au-delà du conflit identitaire, les intérêts semblent aussi économiques. Hypothèse soutenue par l’armée congolaise et des experts de l’ONU.
Ces miliciens cherchent à asseoir leur contrôle sur certains sites miniers, visiblement, leur principale source de financement.
« Nous sommes en pied d’œuvre pour aller chercher cette menace et faire taire les armes entre ces deux miliciens qui se distinguent dans les attaques et les représailles pour le contrôle soit des sites miniers », affirme le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole des opérations militaires en Ituri.
L’effectif militaire, un autre problème qui peine à avoir une solution complète. Le lieutenant général Luboya N’kashama, gouverneur militaire de l’Ituri et commandant des opérations, a formulé auprès de sa hiérarchie la demande du renfort militaire plus d’une fois. Ses éléments ont été envoyés sur un autre front au Nord-Kivu, contre les rebelles du M23.
Depuis, « nous savons tous que cette partie du territoire de Djugu (Kpadroma : ndlr) est contrôlée par les miliciens de CODECO », assume à Buniaactualite.cd Dieudonné Lossa, numéro un de la société civile en Ituri qui plaide et espère que les renforts arriveront rapidement pour éviter que la situation ne s’aggrave encore un peu plus à Kilo, Kpadroma, etc.
Le début de désarmement, en avril 2023, donnait place à une lueur d’espoir. Le premier lot d’ex combattants ayant désarmé est sorti, laissant le site vide pendant que nombreux détiennent encore les armes dans la brousse. Sur le terrain, l’histoire hésite entre l’espoir d’un avenir radieux et le spectre d’un rebondissement.
L’état de siège, au-delà des opérations, mise aussi sur une approche non militaire. Question de conscientiser les détenteurs illégaux d’armes à revenir à la raison en adhérant volontairement au processus de paix. Une démarche qui a aussi produit ses résultats… Malheureusement, pas suffisants pour mettre complètement à l’abri les civils.
Secoué plus par les groupes armés locaux, nombreux sont ceux qui sont persuadés que les problèmes ituriens auront une solution locale. Ce qui implique l’accompagnement des autorités, la prise de conscience positive et collective, l’unité, la cohésion sociale, et autres.
Verite Johnson