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    Au milieu des cris étouffés et des blessures invisibles laissées par la guerre qui ravage l’Est de la République démocratique du Congo, une voix fragile s’élève depuis les rues poussiéreuses de Lubumbashi. Celle de Nadine Lukakala, une adolescente de 15 ans au regard vide, chargée d’un passé trop lourd pour son jeune âge.

    Originaire de Bukavu, Nadine est la cadette d’une fratrie de sept enfants. Tout a basculé lorsque les rebelles du M23-AFC ont pris la ville. Ses parents ont été tués sous ses yeux. Ses frères et sœurs, dispersés dans la panique, sont depuis portés disparus. « Chacun a pris sa route… et depuis, je ne les ai plus jamais revus », murmure-t-elle, la voix tremblante.

    Depuis plus de quatre mois, elle survit à Lubumbashi, loin de chez elle, loin de l’enfance, hébergée par Collette Sifa, une femme de 35 ans rencontrée sur les chemins de l’exil. Elles ne se connaissaient pas. Mais une même tragédie les a réunies : fuir pour ne pas mourir. Aujourd’hui, elles partagent un abri de fortune dans le quartier Luowoshi, commune Annexe, avec d’autres déplacés venus du Kivu.

    Le quotidien de Nadine est un combat. Une plaie ouverte au bras qu’elle ne peut soigner. Pas de nourriture, pas de vêtements, pas d’eau potable ni d’électricité. Seulement le silence, l’attente, et un cri que personne ne semble entendre. « Nous souffrons beaucoup. Que les gens de bon cœur nous viennent en aide, ne serait-ce qu’avec des habits », supplie-t-elle, sans colère, sans haine. Juste l’espoir que quelqu’un l’écoute.

    Nadine a abandonné l’école alors qu’elle était en 7ᵉ C.O. pour fuir la guerre. À pied, elle a parcouru des centaines de kilomètres entre Bukavu et Lubumbashi. Un chemin semé de douleurs, de peur et de silence. Avec Collette, elles ont tenté de retrouver un sens à la vie en apprenant la couture. Deux machines pour deux survivantes. Mais aujourd’hui, les machines sont hors d’usage. L’atelier improvisé s’est tu. « On ne fait plus rien depuis qu’elles sont tombées en panne », confie-t-elle. Un simple appel à l’aide : des machines pour continuer à apprendre, à vivre, à espérer.

    Nadine n’est pas seule. Ils sont 152 déplacés internes, répartis en 28 familles, logés tantôt dans une église, tantôt dans des maisonnettes insalubres, dans les communes de Ruashi et Annexe. Leur sort reste ignoré. Les démarches entreprises depuis plus de cinq mois par Byamungu Igunzi, représentant de leur association, n’ont toujours abouti à rien.

    Entre attente interminable et désespoir grandissant, ces déplacés venus du Kivu appellent à l’aide. Un appel à l’État congolais, aux humanitaires, aux citoyens de cœur. Pour que l’histoire de Nadine ne soit pas celle d’un énième oubli.

    Via CongoProfond.net

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