Dans un contexte encore marqué par les séquelles de conflits armés et les violations massives des droits humains, l’Ituri a accueilli un atelier stratégique de sensibilisation, les 14 et 15 mai 2025, autour d’un thème central pour la paix durable : la justice transitionnelle et son lien avec le Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS).
Organisé conjointement par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme et le P-DDRCS, l’événement a réuni un large éventail d’acteurs provinciaux et nationaux : membres des coordinations du programme, autorités étatiques, société civile, et partenaires internationaux.
Une vision intégrée pour sortir du cycle de la violence
L’atelier s’est fixé pour ambition de favoriser une compréhension partagée et opérationnelle de la justice transitionnelle, dans ses dimensions de vérité, justice, réparation et garanties de non-répétition. Ce processus, essentiel dans les sociétés post-conflit, a pour but de reconnaître les torts subis par les victimes, de restaurer les liens sociaux et d’ouvrir un chemin vers une réconciliation véritable.
Selon Me Tom, chargé national de la justice transitionnelle, cette approche doit se déployer en synergie avec le P-DDRCS, dont l’objectif est de désarmer les groupes armés, réinsérer les ex-combattants et stabiliser les communautés affectées.
Des avancées concrètes du P-DDRCS en Ituri
La seconde journée de l’atelier a permis de faire un point sur l’état d’avancement du P-DDRCS, en particulier dans le territoire de Djugu. Mamy Tshibangu, de la coordination nationale, a mis en lumière des progrès notables : plus de 1 000 ex-combattants se sont récemment engagés à déposer les armes. Leur accompagnement dans la réinsertion communautaire est désormais en cours de préparation, une phase jugée décisive pour la reconstruction du tissu social local.
Les discussions en groupes ont fait émerger des pistes d’action concrètes pour renforcer l’impact des deux démarches combinées. Parmi elles :
L’intégration systématique des victimes dans les processus de justice,
La valorisation des mécanismes traditionnels de résolution de conflits (comme les Barza communautaires),
Le renforcement de la communication communautaire pour sensibiliser et mobiliser les populations.
La société civile, quant à elle, a appelé à une meilleure inclusion dans les processus décisionnels et à une approche décentralisée, ancrée dans les réalités du terrain.
Une volonté politique affirmée
Le Général-Major Urbain Ntambuka, représentant le gouverneur de province, a ouvert et clôturé les travaux. Il a salué une initiative opportune pour une province meurtrie, insistant sur la nécessité de diffuser les concepts de justice transitionnelle au sein des communautés.
Le représentant du bureau de la MONUSCO à Bunia a également pris la parole, soulignant que la justice transitionnelle n’est pas un luxe, mais une nécessité pour tourner la page des violences. Le bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme insiste sur une question essentielle pour chaque participant : Quelle est ma part de responsabilité dans le succès du P-DDRCS et de la justice transitionnelle après cet atelier ?
Au-delà des échanges, l’atelier a servi de tremplin pour établir une feuille de route commune entre les différents acteurs. L’objectif est clair : articuler les efforts de démobilisation et de réintégration avec des mécanismes de justice adaptés, capables de répondre aux attentes des victimes tout en consolidant la paix.
Verite Johnson