Pour la première fois depuis son départ du pouvoir en 2019, l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, s’est exprimé publiquement ce jeudi, provoquant une onde de choc dans le paysage politique congolais.
Sa déclaration, relayée par plusieurs medias, intervient dans un contexte de tensions persistantes dans l’Est du pays, notamment au Nord-Kivu, où il prévoit de se rendre prochainement.
Un retour sur le devant de la scène sous le signe de la solidarité ?
Dans son discours, Joseph Kabila ne s’est pas contenté d’annoncer son voyage à Goma. Il a également lancé de virulentes critiques contre les autorités actuelles, les accusant d’avoir pris des « décisions arbitraires » en réponse à une simple rumeur annonçant sa présence dans la région.
Ces mesures, selon lui, témoignent d’une gouvernance insensible aux souffrances des populations de l’Est.
« Le régime en place à Kinshasa a pris des décisions arbitraires avec une légèreté déconcertante », a-t-il déploré, évoquant notamment la déconnexion des institutions financières locales du réseau bancaire national et la restriction des déplacements. Kabila estime que ces choix politiques « punissent » les habitants et les plongent dans une précarité accrue.
Il s’est présenté comme un homme préoccupé par le sort des Congolais de l’Est, appelant à « humaniser les conditions de vie » et à restaurer l’autorité de l’État dans sa mission première : la protection de la population. Il a souligné la nécessité pour l’armée, la justice et les forces de sécurité d’être au service du peuple, et non de ses oppresseurs.
Ce discours marque une rupture avec le silence observé par l’ancien président depuis sa sortie du pouvoir. Lui qui s’était imposé un « devoir de réserve » réapparaît dans un moment critique, alors que les débats sur l’efficacité de la gouvernance actuelle dans l’Est du pays sont particulièrement vifs.
Au-delà de la compassion affichée, certains observateurs y voient un message politique bien calculé. En rompant le silence dans un contexte de mécontentement généralisé, Joseph Kabila pourrait chercher à rappeler son influence toujours vivace, notamment dans les régions de l’Est, bastions de son pouvoir durant ses années à la tête du pays.
Cette prise de parole publique pourrait également annoncer un repositionnement stratégique, alors que l’arène politique congolaise se redessine. Son message, transmis avec solennité, semble viser à regagner l’opinion populaire tout en interpellant directement les autorités en place.
Conclusion : entre empathie et stratégie
Joseph Kabila réussit, en un seul discours, à se poser à la fois en homme d’État soucieux de la souffrance de ses compatriotes et en figure politique toujours influente. Sa visite annoncée à Goma et ses critiques acerbes contre le pouvoir central constituent un moment charnière dans la vie politique congolaise. Si ses intentions profondes restent sujettes à interprétation, une chose est certaine : le silence de l’ancien président est bel et bien rompu, et son retour dans l’espace public ne laissera personne indifférent.
Dorcas Faya