En Ituri, où exercer le métier de journaliste relève parfois du courage, de jeunes voix s’élèvent pour informer, alerter et donner la parole aux oubliés. Parmi elles, Jonathan Bavonga, jeune professionnel aux quatre années d’expérience, incarne cette nouvelle génération de journalistes animés par la passion et le sens du devoir. Dictaphone à la main, plume aiguisée et micro en poche, il raconte l’Ituri au quotidien, avec détermination et intégrité.
Journaliste à Radio Canal Révélation, basée à Bunia, Jonathan collabore également avec le site d’information buniaactualite.cd et agit comme correspondant pour le média en ligne panierdesinfo.net. Son aventure journalistique débute presque par hasard, en pleine pandémie de COVID-19. Finaliste du secondaire, il est interviewé à la sortie du centre d’examen sur le respect des mesures sanitaires. En entendant sa voix diffusée à la radio, un déclic se produit : « Je m’étais bien exprimé, et cela m’a poussé à devenir journaliste », se souvient-il.

Fidèle auditeur des ondes radiophoniques, notamment de RFI et de ses émissions dédiées à l’Afrique, Jonathan se passionne pour le journalisme. Il fait ses premiers pas à Heloim TV avant de s’engager pleinement dans la profession. Aujourd’hui, il poursuit parallèlement des études en master de Communication des Organisations à l’Université de Bunia, après un parcours scolaire au complexe Les Aigles de Dieu.
En peu de temps, Jonathan s’est forgé une expérience riche. Il garde en mémoire un moment marquant : « Mon tout premier voyage professionnel, de l’Ituri vers les deux Kivu, pour une formation pendant les vacances de Pâques 2023. » Il a aussi couvert des événements majeurs, comme les visites de Moïse Katumbi et Martin Fayulu à Bunia lors de la campagne électorale de 2023.
Cependant, le terrain n’est pas sans risque. Le climat sécuritaire en Ituri oblige les journalistes à exercer avec prudence, parfois même dans la peur. Entre intimidations et restrictions, notamment depuis l’instauration de l’état de siège, les obstacles sont nombreux. « L’accès à certaines informations est limité, les gens craignent de s’exprimer, et certains sujets deviennent intouchables », déplore Jonathan.
Malgré cela, il croit en l’importance du journalisme : un métier fondé sur des valeurs telles que la transparence, l’impartialité et la responsabilité envers la communauté. Il rêve de transmettre cette vocation, y compris à ses futurs enfants, malgré les défis économiques que connaît la presse locale.
Pour lui, le journalisme est bien plus qu’un métier : c’est une planche de salut. « Après la mort de mon père, c’est ce travail qui m’a permis de poursuivre mes études », confie-t-il. Son parcours est jalonné de souvenirs, parfois douloureux, comme cette mission à Djugu en septembre 2024, lorsque la milice Codeco a attaqué un site de déplacés près de Bule, non loin de la base de la Monusco où il logeait.
Face à l’adversité, Jonathan ne fléchit pas. Sa passion grandit, nourrie par son engagement à raconter l’Ituri, coûte que coûte. Être journaliste, aujourd’hui plus que jamais, c’est son combat. Et il entend bien le mener jusqu’au bout.
Afoyogira Uyergiu