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    Le sujet est sur toutes les lèvres en Ituri dans le nord-est de la RDC à la veille de la publication ce 10 janvier 2019 d’un rapport du bureau conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme, BCNUDH à Genève en suisse.

    Selon ce document de 31 pages auquel buniaactualite.com a eu accès, les crimes commis depuis décembre 2017 par des assaillants armés de la milice CODECO qui pour la plupart appartiennent à la communauté Lendu, pourraient « présenter des éléments constitutifs des crimes contre l’humanité, voire des crimes de génocide ».

    Les plus de 10 missions d’enquête menées par cette agence onusienne ont permis d’établir que, de décembre 2017 à septembre 2019, au moins 701 personnes ont été tuées, 168 blessées et 142 victimes de violences sexuelles, dans le contexte de tensions interethniques entre les communautés Lendu et Hema notamment, dans les territoires de Djugu et de Mahagi, indique le rapport.

    « La majorité des victimes sont des membres de la communauté Hema » affirme l’ONU, et de poursuivre: « les enquêteurs ont observé, à partir de septembre 2018, une organisation et une planification grandissante des vagues d’attaques menées par des assaillants Lendu visant des Hema et des membres d’autres groupes ethniques, tels que les Alur. Ces violences par des groupes armés Lendu ont eu notamment pour objectif de prendre le contrôle des terres et des ressources qui y sont associées ».

    Le rapport a documenté en outre de nombreux « cas d’enfants tués », certains en uniforme scolaire et des femmes violées, des villages pillés et incendiés.

    « Le 10 juin 2019, dans la localité de Torges, un homme membre de la communauté Hema qui tentait d’empêcher aux assaillants armés de violer sa femme a vu son fils de 8 ans être décapité devant lui » illustre le rapport, poursuivant que: « les violences documentées (…) pourraient de ce fait présenter des éléments constitutifs de crimes contre l’humanité notamment par meurtre, torture, viol et autres formes de violences sexuelles, pillages et persécution ».

    Vue d’un village incendié par des assaillants de Djugu
    Image d’illustration

    Selon l’ONU, « la barbarie qui caractérise ces attaques, notamment les décapitations des femmes et d’enfants à la machette, les mutilations, le fait d’emporter certaines parties des corps des victimes comme des trophées de guerre, reflète la volonté des assaillants de traumatiser de façon durable les populations Hema, de les contraindre à fuir et à ne plus revenir dans leurs villages ».

    Des écoles et des centres de santé ont aussi été détruits et les périodes choisies pour ces attaques sont révélatrices, notent les enquêteurs: « le mois de juin correspond à la période des récoltes, et décembre à celle des semailles. Ceci réduit la possibilité d’exploitation des champs par les Hema et exacerbe le manque de nourriture ».

    Vue aérienne du camp de l’hôpital général de Bunia qui abrite les déplacés en provenance de Djugu
    Image d’illustration
    Photo/ Luc Malembe

    Le Haut-Commissariat aux Réfugiés, HCR, cité par le même rapport, indique pour sa part que depuis février 2018, près de 57.000 personnes se seraient réfugiées en Ouganda et plus de 556.000 autres vers les territoires voisins. Plusieurs camps et villages où s’étaient réfugiés des Hema ont été pris d’assaut, incendiés et détruits par des groupes armés Lendu.

    D’autre part, le BCNUDH affirme avoir documenté, entre décembre 2017 et mai 2018, des actes de représailles par des membres de la communauté Hema, notamment des incendies de villages et des attaques isolées contre des Lendu.

    Côté armée congolaise, le déploiement de ses éléments et ceux de la police nationale à partir de février 2018 n’a malheureusement pas suffi à prévenir les violences.

    « Des soldats et des policiers déployés dans la zone se sont livrés à des exactions telles que des exécutions extrajudiciaires, des violences sexuelles et des arrestations illégales » affirme révèle le document qui indique que 4 d’entre eux ont été condamnés par la justice congolaise.

    Pour chuter, Le bureau conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme recommande aux autorités congolaises de traiter les racines du conflit, y compris les problèmes liés à l’accès aux ressources dont la terre, et de poursuivre les efforts de réconciliation entre les deux communautés déjà entrepris. Il appelle aussi à un renforcement de la présence des institutions étatiques et des forces armées pour garantir la sécurité de toutes les communautés et renforcer la cohabitation pacifique entre les communautés, qui a subsisté malgré les violences.
    Il demande enfin aux autorités de mener des enquêtes judiciaires indépendantes et impartiales, ainsi que d’assurer le droit aux réparations pour les victimes et leur accès à des soins médicaux et psychosociaux.

    Ce rapport onusien vient conforter la version toujours soutenue par communauté Hema, principale victime des exactions, selon laquelle il y a eu génocide à Djugu ainsi que la nécessité que les crimes indescriptibles commis soient jugés par une juridiction internationale.

    Le Bureau conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme, créé en février 2008, intègre la Division des droits de l’homme de la MONUSCO et le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme en RDC (HCDH-RDC).

    La Rédaction

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