La crise sécuritaire en Ituri prend une dimension politique et parlementaire majeure. Iracan Unen Gratien de Saint-Nicolas, député national élu de Bunia-ville, a déposé le 7 octobre 2025 à l’Assemblée Nationale une Interpellation officielle ciblant directement le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Défense Nationale, sur des accusations gravissimes.
L’interpellation concerne des « faits graves de collusion avec des groupes criminels et massacres de civils à Djugu et Irumu en Ituri ». L’accusé de réception du document, daté du 7 octobre 2025, confirme la procédure en cours au sein du Cabinet du 2e Vice-Président de l’Assemblée nationale.
Des groupes armés au cœur du scandale
Dans ses déclarations, le député Iracan Unen Gratien de Saint-Nicolas a soulevé la problématique des groupes armés, exigeant des éclaircissements sur leurs origines et leur rôle dans les violences.
Il a notamment soulevé les questions suivantes :
Créateurs des Milices : Qui a créé les groupes armés criminels « dits autodéfense, Zaïre, MAPI », des entités qui seraient aujourd’hui intégrées au mouvement rebelle CRP dirigé par Thomas Lubanga ?
Utilisation des CODECO : Comment les groupes armés criminels CODECO ont-ils été utilisés pour mener des massacres de civils dans la province ?
Ces allégations font suite à une période particulièrement sanglante : le député avance le chiffre de plus de 140 civils tués entre juin et septembre 2025 dans la région.
Accusations directes contre l’Autorité Militaire
L’interpellation du VPM Défense vise, en substance, à obtenir des explications sur les « graves accusations contre le Gouverneur Militaire de la Province de l’Ituri ». Le parlementaire dénonce une situation de non-respect de la loi dans le régime d’état de siège.
« Personne ne peut aller à l’encontre de l’ordonnance du Président de la République qui exige le respect du droit à la vie à son article 4 dans le régime d’état de siège », a-t-il martelé.
Selon lui, la sécurité de l’Ituri est compromise par des intérêts supérieurs : « Un réseau mafieux extrêmement dangereux tient l’Ituri en otage pour des intérêts égoïstes. »
Affirmant être le « leader accepté » du peuple iturien, le député a promis de ne jamais reculer dans sa mission de défense des droits, et ce, malgré les risques.
« Je servirai le Congo en toute fierté et soutiendrai les Institutions légalement établies en toute franchise et intégrité morale loin de toute menace de mort que je reçois tous les jours », a-t-il conclu.
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Cette interpellation, déposée conformément aux articles 201 à 206 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, marque une étape décisive. Elle force le gouvernement à s’expliquer sur la gestion de l’état de siège et les allégations de complicité avec les groupes armés qui continuent de ravager l’Ituri.
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