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    L’année 2022 a été généralement « sombre » sur le plan sécuritaire en Ituri. Malgré des efforts des autorités de l’état de siège, conduisant notamment à la signature des actes unilatéraux de cessez-le-feu par les milices CODECO et FPIC, les tueries des civils n’ont pas cessé jusqu’en décembre dans cette province du Nord-Est de la République Démocratique du Congo.

    Une insécurité qui a considérablement impacté la situation humanitaire faisant plus d’un million 500 mille déplacés internes et placée près de 3 millions de personnes en insécurité alimentaire, selon des chiffres du bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA).

    Dans cet article, notre rédaction revient, d’une façon non exhaustive, sur quelques moments noirs ou blancs qui ont marqué l’année 2022. Sur le plan culturel, Carine Rusoke a offert une première couronne nationale de Miss à l’Ituri, pendant que J-Five Matete a hissé cette province à la finale de la compétition Vodacom Best of the Best.

    Plus de 650 civils, otages des rebelles ont tout de même eu la vie sauve grâce aux efforts des FARDC et quelques villages repassés sous contrôle de l’armée régulière dans cette cette province.

    2022, des tueries continuelles

    Tout au départ, c’était un triste début de l’année 2022 pour les populations du sud du territoire d’Irumu confrontées encore à l’activisme des combattants des Forces démocratiques alliées (ADF). Au moins 17 civils ont été tués du 1er au 3 janvier dans les villages Israël et Liyehi, à plus de 30 km de la cité de Komanda centre, en chefferie de Walese Vonkutu.

    Un mois après, soit le 1er février, c’était autour du site de déplacés de la Plaine Savo à Bule (Djugu) d’être attaqué par des éléments de la milice Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO). Avec un bilan controversé, plusieurs sources annonçaient plus de 50 morts parmi ces personnes en vulnérabilité dont une dizaine d’enfants.

    Le centre de santé de Bule, soutenu par l’ONG MEDAIR révélait avoir pris en charge au moins 42 blessés pendant que d’autres, grièvement blessés, ont été évacués en ville de Bunia, chef-lieu de la province.

    Comme si cela ne suffisait pas, les mêmes miliciens attaquaient le samedi 19 mars, un autre site au village Gokpa 2 dans la chefferie de Ndo Okebo faisant 12 morts dont deux enfants et quatre femmes.

    En mars, un autre camp de déplacés enregistre une nouvelle attaque au soir du samedi 19 mars. Bilan 14 morts. Parmi les victimes, une fillette de deux ans et 5 femmes.

    Dans la nuit du lundi au mardi 10 mai, au groupement Dz’na en chefferie de Walendu-Pitsi (Djugu) encore un autre site de déplacés est pris pour cible. Il s’agit du camp de déplacés de Lodda où quatorze (14) autres vulnérables ont perdu leur vie.

    En juin, le bureau du Haut-Commissariat de Nations unies pour les refugies (HCR)/Ituri a comptabilisé plus de deux cents (+200) personnes déplacées tuées en l’espace de neuf mois lors de seize (16) attaques d’hommes armés identifiés aux miliciens de la CODECO dans des sites où elles sont hébergées dans le territoire de Djugu. Annonce faite le mercredi 8 juin à l’issue d’un atelier de deux jours réunissant des acteurs humanitaires ainsi que des gestionnaires des sites de ces vulnérables.

    A Boga à 25 kilomètres au sud de Bunia, c’est le 08 février. Des milliers de soldats ougandais se déploient officiellement en Ituri dans le cadre des opérations de mutualisation des forces entre les armées congolaises (FARDC) et ougandaise (UPDF) contre les rebelles des ADF.

    Le mercredi 16 février à Bambu, dans le territoire de Djugu, toute la province se souviendra de la prise en otage par CODECO, de huit (8) membres de la Task Force, cette délégation d’émissaires de paix dépêchée en Ituri par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

    Thomas Lubanga et Floribert Ndjabu, respectivement coordonnateur et coordinateur adjoint de la Task Force ainsi que deux colonels des FARDC, les derniers otages, retrouveront, la liberté le mardi 12 avril après deux mois de captivité.

    Depuis 2021, l’axe Komanda-Luna demeure pendant plusieurs mois, un cimetière en ciel ouvert pour les usagers. Tueries des civils, incendies des véhicules, … conduisant à l’instauration de convoi sécurisé plutôt.

    Cette situation s’étend momentanément sur le tronçon Komanda-Mambasa. La première attaque sur ce tronçon est rapportée le 11 avril entre Komanda et Bavonkutu (Pont Ituri).

    Depuis leur traversée, ces rebelles ADF attaquent, en l’espace de moins d’un mois, plus de 5 villages le long de cette route faisant plus de 20 morts côtés civils et d’énormes dégâts matériels.

    Mardi 10 mai au village Kundala Kundala, à 6 kilomètres de Lolwa sur la RN4 par exemple, une embuscade ADF fait trois (3) morts et neuf (9) véhicules incendiés dont six (6) voitures.

    Sur le plan humanitaire, la situation s’est aussi considérablement dégradée

    En août, au moins 19.000 personnes ont été déplacées en trois jours indiquaient les Nations Unies, révélant que plus de 120.000 personnes ont été affectées par la suspension des activités sanitaires à Mambasa en raison de l’insécurité.

    Ce rapport dresse le bilan d’au moins 83 personnes tuées et plusieurs autres ont été enlevées lors d’une série d’attaques des présumés rebelles ougandais de l’ADF dans plusieurs villages, depuis le 10 août dernier.

    La semaine du 10 au 20 décembre 2022 a été très « sombre » et « sanguinaire » pour plusieurs centaines de familles. S’appuyant sur des sources concordantes, buniaactualite.cd a comptabilisé plus au moins 84 civils tués dans 3 territoires de la province de l’Ituri, dont Irumu, Mahagi et Djugu. Des actes commis par la milice de la CODECO, le fameux mouvement d’autodéfense Zaïre Mazembe et ADF.

    Des tensions communautaires se sont même rapprochées de la ville de Bunia (région de Soleniama) avant que, contre toute attente, le mouvement d’autodéfense populaire de l’Ituri, MAPI se lance officiellement en plein état de siège, le 22 septembre avec objectif : résister contre les violations des différents groupes armés.

    Les efforts des FARDC oui, mais pas suffisants…

    Les FARDC de leur côté ont fait d’énormes efforts pour tenter de maîtriser la situation. Des sacrifices qui ont produit un résultat escompté dans certaines entités.

    Le 12 janvier les FARDC annonçaient avoir neutralisé plus de 25 combattants ADF, au cours des différentes opérations menées dans le territoire d’Irumu, en l’espace d’une semaine.

    Au 27 février, plus de 500 civils pris en otage par des groupes armés actifs à travers la province, trouvent la vie sauve grâce aux FARDC, depuis le début de l’état de siège.

    5 mois après, en l’espace de deux semaines, les FARDC reprennent le total contrôle de plus de vingt localités, jadis occupées par les miliciens dans le territoire de Djugu, une annonce le Lieutenant Jules Ngongo.

    30 combattants ADF, dont 2 arabes sont neutralisés et leur campement à Beu près de Boga dans la partie limitrophe entre les territoires de Beni et Irumu ( Nord-Kivu et Ituri ) par les opérations conjointes FARDC-UPDF. Bilan des opérations menées dans cette zone à partir du 11 décembre 2022.

    Plusieurs éléments des milices et des bandits armés ou non armés ont été mis derrière les barreaux durant l’année 2022. Sans comptabiliser ceux neutralisés et blessés. Une lourde perte leur imposée par les services de sécurité et de défense.

    Dans le volet justice, Neuf (9) militaires des FARDC, dont deux colonels, ont été condamnés à des peines allant de dix ans de prison, à la peine de mort pour meurtre et radiation de l’armée. Verdict rendu public vendredi 14 octobre par la cour militaire de l’Ituri dans le dossier du meurtre de deux exploitants miniers chinois, qui avaient été dépouillés de quatre lingots d’or en territoire d’Irumu.

    Le gouvernement de l’état de siège et ses partenaires ont tout de même abouti aux cessez-le-feu. D’abord la faction CODECO/URDPC, à l’issue du dialogue intracommunautaire des membres de l’ethnie Lendu du 1er au 4 juin. Un acte présenté au comité provincial de sécurité, le 15 juin.

    Ensuite, la FPIC a emboîté le pas en décrétant un cessez-le-feu mais en restant en alerte maximale de combat. Signé depuis le 15 avril, celui-ci était présenté officiellement le lundi 30 mai, plutôt que la CODECO.

    Des actes qui ont conduit à une accalmie temporaire sur l’étendue des territoires d’Irumu et Djugu.

    L’Ituri peut tout de même, se réjouir, si pas des autorités en place mais du moins de leur lobbying sur le plan Infrastructurel.

    Sans une université moderne depuis son histoire, la province de l’Ituri a assisté, en date du 04 mai, à la pause de la première pierre des travaux la construction de l’université moderne de Bunia (UNIBU). Une cérémonie présidée à Tsere ( plus de 8 km à l’ouest de Bunia) par Muhindo Nzangi, ministre de l’ESU.

    Il s’agit d’une construction, pendant 3 ans, de 12 auditoires de 200 étudiants chacun, 15 laboratoires, dizaine de bureaux et autres.

    La même année, le 08 juin, le Ministre Guy Lwando, en présence de Nicolas Kazadi et Chérubin Okende, a procédé à la pause de la première pierre des travaux de la modernisation de l’aéroport de Bunia.

    À cela s’ajoutent, les travaux de l’asphaltage par le gouvernement provincial de 8 kilomètres supplémentaires de la voirie urbaine par l’entreprise Mont Gabao, depuis début Août, l’inauguration de la clinique VIP Lt Général Luboya, construction d’un complexe administratif au chef-lieu du territoire d’Irumu et autres.

    La plupart de ces travaux sont toujours en cours d’exécution et d’autres peinent à « évoluer » dans le délai.

    L’univers sportif a aussi sombré en Ituri durant 2022 avec une fin de l’année « chaotique » caractérisée par des forfaits en cascade en division 2. Cependant, le stade Ucen’g de Ndrele (Mahagi) accueillait son premier match officiel le 20 novembre.

    Dans la politique, c’était bien le contraire. Plus ou moins 5 partis politiques se sont installés à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, principalement pour le préparatif des prochaines élections.

    Sur le plan culturel, Carine Rusoke et J-Five Matete ont positivement vendu l’image de la province au niveau national. Si le premier atteint la finale de la compétition Vodacom BOB, alors la seconde a remporté la couronne de Miss Indépendance RDC.

    La jeune licenciée de l’université de Bunia, a été couronnée lors de la cérémonie organisée à Kinshasa, le 29 juin au chapiteau du restaurant Royal évent dans la commune de la Gombe en présence de plusieurs personnalités du pays.

    Pour ce qui est des médias, le 02 novembre, depuis janvier 2022, la section provinciale de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC/Ituri) affirmait avoir documenté 10 cas graves d’incidents liés au métier des journalistes dont la mort de l’un d’entre eux, Sengi Schadrack, assassiné par un militaire FARDC à Walese Vonkutu dans le territoire d’Irumu en date du 08 juillet 2022.

    2022, qui s’achève, espérons avec tout son côté obscur, restera longtemps gravé dans les mémoires de plusieurs familles dans la province de l’Ituri.

    Cependant, le lieutenant Général Luboya N’Kashama, gouverneur de la province de l’Ituri, depuis Mai 2021 ne cesse d’affirmer sa détermination de rétablir la paix, la sécurité dans celle-ci, pour matérialiser la vision du président de la République, Félix Tshisekedi, à travers l’état de siège et le P-DDRCS.

    Verite Johnson

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