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    De retour en Ituri après un long exil en Ouganda, Sa Majesté Yves Kahwa Panga Mandro ne cache pas son opposition ferme à la Convention pour la Libération Populaire (CRP), un mouvement rebelle récemment lancé par Thomas Lubanga Dyilo. Il le qualifie sans détour d’« escroquerie politique ».

    En mars 2025, Thomas Lubanga, ancien chef de milice reconnu coupable de crimes de guerre par la Cour pénale internationale (CPI), a annoncé officiellement la naissance de la CRP. Dans un communiqué, cette structure se présente comme un mouvement porteur d’un vent de renouveau, censé incarner les aspirations des Congolais face à une gouvernance défaillante. Le texte dénonce une série de maux qui gangrènent l’appareil d’État, notamment les détournements de fonds publics, la corruption, la kleptocratie, la kakistocratie, l’égocratie, le caporalisme, le patrimonialisme, le tribalisme, le népotisme et le clientélisme.

    Cependant, pour Kahwa Panga, cette initiative n’est qu’un stratagème politique de plus. Selon lui, elle n’a ni légitimité, ni ancrage réel dans les communautés locales. À ses yeux, Thomas Lubanga chercherait par ce biais à se frayer un chemin vers des négociations politiques pour s’octroyer une part des privilèges du pouvoir.

    Après plusieurs années d’exil en Ouganda, Kahwa Panga est rentré en République démocratique du Congo. C’est le 16 avril qu’il a officiellement marqué son retour dans sa province d’origine, l’Ituri, en passant par la localité de Tchomia, dans le territoire de Djugu. Ce retour a été largement salué par les populations locales, mobilisées en grand nombre pour l’accueillir.

    À son arrivée, il a été reçu par les hauts responsables militaires de la région, notamment les commandants de la 32e région militaire et du secteur opérationnel de l’Ituri. Quelques heures plus tard, il a été reçu à Bunia par le gouverneur intérimaire, le commissaire divisionnaire principal Raüs Chalwe Munkutu Ngwashi, entouré des membres du comité provincial de sécurité.

    Lors de cette audience officielle, les échanges ont porté essentiellement sur la situation sécuritaire préoccupante dans la province. Kahwa Mandro, en sa qualité de chef de la chefferie des Bahema Banywagi à Djugu, a exprimé sa volonté de soutenir les autorités dans la mise en œuvre des initiatives de paix, en parfaite adéquation avec la vision du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a instauré l’état de siège afin de restaurer la paix et la sécurité dans l’Est du pays.

    Encourageant la coopération militaire entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et l’armée ougandaise (UPDF), il a exprimé son optimisme quant à la possibilité d’un retour durable à la paix. Toutefois, il n’a pas manqué de souligner que les populations de sa chefferie, situées sur les rives du lac Albert, continuent de vivre sous la menace persistante de la CRP.

    Kahwa Panga rejette catégoriquement ce mouvement rebelle et se montre particulièrement sceptique quant à ses chances de réussite. « Je ne vois pas par quelle magie il peut réussir », a-t-il lancé avec fermeté. Il affirme que son retour en Ituri a été rendu possible grâce à l’ouverture des autorités, et il entend désormais jouer pleinement son rôle de leader traditionnel pour contribuer aux efforts de pacification. « Si j’ai encore une petite influence, je vais l’utiliser pour le retour de la paix », a-t-il déclaré devant la presse.

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    En Ituri, la paix n’est pas seulement une priorité pour le chef de l’État, mais aussi pour toute la population, profondément meurtrie par des années de violences et de conflits armés.

    Pour contribuer à ce processus de paix, Kahwa entend avancer étape par étape, en commençant par rétablir la sécurité au sein de sa propre chefferie sur le littoral du lac Albert. Il affirme avec assurance qu’aucun membre de sa communauté n’est impliqué dans la CRP de Thomas Lubanga.

    Il réitère sa position : « La CRP, c’est une escroquerie politique. » À ses yeux, Thomas Lubanga manipule la population dans le seul but de s’inviter aux éventuelles discussions politiques pour en tirer des avantages personnels. « Malheureusement, il trompe nos frères », déplore-t-il.

    Accueilli avec chaleur par les siens, Kahwa Panga semble déterminé à jouer un rôle clé dans la stabilisation de sa province. Son retour est perçu par beaucoup comme un signal fort en faveur de la paix, à un moment où l’Ituri a plus que jamais besoin de leaders engagés et responsables.

    Rédaction

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