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    Elles ont fui la guerre en Ituri et risquent maintenant d’être infectées par la Covid-19. Rachel et Esther racontent leurs expériences dans un camp de déplacés à Bunia en RDC.

    Rachel a 18 ans. Elle a un beau sourire qui illumine son visage. Mais ces jours-ci, me dit-elle, il n’y a pas de quoi se réjouir.

    Il y a un an, Rachel a fui son village de Largu dans la province d’Ituri au Nord-Est de la République Démocratique du Congo.

    « Ce fut l’expérience la plus pénible de toute ma vie » raconte-t-elle.

    « Quand les miliciens sont arrivés, ils ont brulé nos maisons et tué beaucoup de gens. Par grâce nous avons rencontré deux taximen moto, que nous avons payé pour nous conduire dans la ville de Bunia où nous avons été accueillis dans ce site des déplacés ».

    Rachel vit depuis Février 2019 dans le camp des déplacés ISP II, situé à environ deux kilomètres du Marché Central de Bunia. Le camp bourdonne d’activités. Les cris des petits enfants jouant au ballon sont accompagnés d’un parfum de foufou de maïs en train d’être malaxé. Le soleil bat fort.

    « Les conditions de vie ne sont pas parfaites dans ce site mais c’est mieux que dans mon village. Nous recevons la même nourriture tous les jours, le foufou de maïs et les petits poids, souvent ça provoque la diarrhée chez nos enfants, mais je préfère mourir de la mal nutrition dans ce site, que de retourner à Largu où les attaques des miliciens continuent jusqu’aujourd’hui. Je ne sais pas si ça finira un jour », ajoute Rachel.

    Esther, une autre déplacée, ne cache pas son désespoir:

    « D’abord la guerre, après l’Ebola et maintenant la Covid-19 pour couronner le tout. Avons-nous réellement de l’avenir ?»

    En effet, en plus de l’état de vulnérabilité dans lequel Rachel, Esther et d’autres déplacés se trouvent, ils sont également appelés à faire face à la propagation de la Covid-19.

    Agée de 23 ans, Esther vit dans le site des déplacés ISP II depuis Février 2018. Elle préfère rester dans le camp, même si sa condition de vie l’expose davantage à la Covid-19.

    « Ça fait plus de deux ans que je suis là. Jusqu’aujourd’hui je vis avec une trentaine d’autres déplacés dans un hangar commun qui parfois ne préserve pas notre intimité. On ne peut pas appliquer les mesures de distanciation sociale que les autorités nous recommandent. Nous utilisons les mêmes ustensiles de cuisine et souvent il n’y a même pas de l’eau courante pour bien se laver. Mais c’est mieux que de retourner mourir dans notre village. Je ne veux plus jamais avoir à revivre ces atrocités».

    A ce jour, l’activisme des groupes armés s’est accru sur la quasi-totalité des territoires de l’Ituri, entre autres Djugu, Mahagi, Irumu, Mambasa et Aru. Cela entraine une augmentation exponentielle des déplacés dans la zone.

    Cette population, contrainte au déplacement vit dans la précarité par manque de moyens de subsistances.

    200 000 personnes ont été forcées de fuir leur foyer durant ces deux derniers mois seulement, Cinq millions de personnes sont aujourd’hui déracinées en RDC, dont 1,2 million dans la province de l’Ituri selon un rapport de UNHCR .

    Avec l’apparition de la COVID-19, l’attention portée à ces vulnérables au profit des mesures collectives de lutte contre cette pandémie diminue. Bien que, l’aide apportée était déjà insuffisante, la COVID-19 a amplifié le degré de vulnérabilité des déplacés, les rendant encore plus exposés à cette maladie.

    En date du 01 septembre 2020, le nombre des malades atteints de Coronavirus est 112 cas confirmés en Province de l’Ituri.

    Pour Rachel, Esther et beaucoup d’autres personnes déplacées, tant que la situation sécuritaire n’a pas changée, elles ne désirent aucunement retourner dans leurs villages.

    « Nous ne voulons que deux choses : la paix et la sécurité» conclu Esther.

    Oxfam/ via buniaactualite.com

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