Une nouvelle ère à Kasenyi (Irumu) et Tchomia (Djugu) sur le littoral du lac Albert. C’est un souffle d’espoir après les nouveaux exploits des forces armées de la RDC sur les miliciens dans cette région.
À Kasenyi, visiblement, l’ambiance a retrouvé sa normalité. Les habitants vaquent à leurs occupations. Même rythme dans l’entité voisine de Tchomia.
Fin février 2025, la situation sécuritaire s’est dégradée à Nyamamba dans la chefferie des Bahema Banywagi. Des habitants locaux, ceux de Joo, certains de Tchomia ont trouvé refuge à Kasenyi. Les forces armées de la RDC étaient contraintes à l’exploit.
Le chef du secteur Bahema Sud affirme : « À Kasenyi, je vous confirme qu’il y a la paix grâce à nos vaillants militaires. » Les FARDC ont triomphé lors des récents affrontements contre les miliciens, notamment la CRP, dans la région. Résultat : le calme apparent règne, les déplacés ont presque tous regagné leurs milieux. Et pourtant, retourner chez soi, c’est déjà reconstruire la paix.
« On est rentré à la maison. Oui, ça va. Rien de grave à signaler », se félicite un habitant de Tchomia qui revient de déplacement.
7 juin 2025. Il est 11h20 à Tchomia. La vie tente un retour courageux. Des enfants courent à nouveau, riant, s’amusant entre eux.
Au marché local, une belle ambiance malgré tout. Les vendeuses des poissons interpellent les passants. Chacune met en avant ses produits. Ici, le bourdonnement des échanges remplace le silence pesant des jours de fuite. Quand le marché revit, c’est le peuple qui respire.
Sur le tronçon menant à Kasenyi, les élèves en bleu et blanc s’en donnent au nettoyage devant leur salle de classe avant la fin des cours.

La paix, plus qu’un espoir, une urgence
Le calme est de retour, les habitants ont regagné, la présence de l’UPDF, l’armée ougandaise, a visiblement rassuré certains habitants qui ne cachent pas leur satisfaction. Cependant, les coups de feu se font encore entendre, le trafic de Nyamamba pose problème.
La fréquentation sur ce tronçon a baissé. Des habitants peinent à emprunter cet axe routier. « Non, j’ai peur d’y aller maintenant. Peut-être prochainement », reconnaît un commerçant de Tchomia.
Par moment, des coups de feu sont entendus dans les environs de Tchomia, selon les témoins. Un rappelle que la paix est encore incomplète. C’est d’ailleurs la seule demande des habitants régionaux : que la sécurité s’installe durablement pour que la vie puisse, enfin, reprendre sans peur.
Les jeunes : c’est maintenant !
Face au retour à la normale, il est crucial de construire un meilleur avenir. Et cela, c’est maintenant ! Message du chef de secteur de Bahema Sud aux jeunes perdus : « Quitter la brousse, revenez. Saisissez la main tendue du chef de l’État ».
En tenue relaxante, André Takumara Kataloho passe un week-end au chantier. Devant son ancien bureau administratif pousse un nouveau bâtiment. Des jeunes sont en pleine construction. Signe d’espoir et de retour à la vie normale.
À Kasenyi, il doit le retour à la paix aux efforts des autorités compétentes à tous les niveaux. Devant le micro de buniaactualite.cd, il n’a cessé de gratifier le lieutenant-général Luboya N’kashama, gouverneur de province.
Le rétablissement total de la paix est une nécessité pour plusieurs coins de l’Ituri. Conscients des défis à relever, les autorités provinciales sont sur tous les fronts : opérations militaires, dialogues, sensibilisation…
En quête du résultat final, le commissaire divisionnaire principal Raüs Chalwe Munkutu Ngwashi, vice-gouverneur, est un appui pour Luboya, qui compte aussi sur l’implication des membres du comité de sécurité. Un discours fréquent : « La paix est une affaire de tous ».
Prêts à s’aligner derrière cette logique, certains habitants sur le littoral du lac Albert dénoncent cependant des tracasseries de la part de certains militaires. Plusieurs jeunes se plaignent aussi de menaces : ils affirment être pris à tort pour des miliciens par des éléments de l’armée.
Verite Johnson envoyé spécial à Tchomia et Kasenyi