La société civile de l’Ituri a rendu public ce mercredi 30 decembre son rapport dressant un bilan provisoire des massacres perpétrés contre les populations civiles par différents groupes armés dont CODECO, FPIC/Chini ya kilima, Mai-Mai et autres pour l’année 2020.
Selon cette structure citoyenne, la province de l’Ituri ressemble à un « mouroir » sous contrôle des groupes rebelles.
Marie-Noëlle Nyaloka sa coordinatrice intérimaire indique à Buniaactualite.com que
le territoire de Djugu reste en tête avec plus de 940 personnes tuées, suivi du territoire de Mahagi où on dénombre plus de 696 morts, Irumu
472, Mambasa 70.
Le territoire d’Aru avec 5 morts et la ville de Bunia, chef-lieu de la province qui compte 12 morts occupent la dernière position de ce décompte macabre.
« Depuis janvier jusqu’à décembre 2020, plus de 2.195 personnes ont été sauvagement tuées et beaucoup d’autres cadavres abandonnés dans la nature, plus de 138 personnes kidnappées, 302 personnes blessées, 40 personnes suffoquées par du gaz lacrymogène et plus de 300.000 déplacés internes dont la plupart vivent sans assistance, soit dans des sites, soit dans des familles d’accueil » peut-on lire dans le rapport.
Madame Nyaloka a invité le chef de l’État Félix Tshisekedi qui avait promis de rétablir rapidement la sécurité en Ituri de se souvenir de sa promesse tenue à Bunia lors de son passage au mois de juin 2019.
Un rapport cependant très critiqué par une certaine opinion qui le trouve « partial », car prenant parti pour un camp dans le conflit en Ituri.
C’est le cas de Josué Maki, un jeune leader de la communauté Lendu qui souhaite même l’implantation d’une nouvelle société civile dans cette province.
« Au delà de CODECO, FPIC, MAI-MAI, ADF, où est-ce que la société civile a cité la milice Zaïre qui elle aussi est à la base de nombreuses exactions à Djugu et à Irumu, notamment des incendies des villages, massacres de plusieurs personnes jetées dans la rivière Shari ?» s’interroge-t-il dans une publication faite à chaud sur les réseaux sociaux.
Selon lui, dans le territoire de Djugu, plusieurs centaines de maisons ont été incendiées dans la chefferie des Mabendi, dont 3 groupements complètement décimés et 64 villages brûlés, des centaines de personnes tuées ou enlevées dans la région de Dala par ces miliciens.
Zaïre est le nom donné à une milice dite d’autodéfense et qui serait constituée en majorité des jeunes de l’ethnie Hema dans l’objectif de combattre les CODECO pro Lendu dans cette région.
« A vrai dire, notre appartenance tribale ne devrait pas influer sur la marche des structures que nous dirigeons. La société civile doit rester au dessus de la mêlée » conclu Josué Maki.
Depuis 3 ans, la province de l’Ituri située dans le Nord-Est de la RDC, à la frontière avec l’Ouganda et le Soudan du Sud connaît une insécurité criante caractérisée par des attaques contre des civils et des positions militaires, de la part de plusieurs groupes de milices congolais ou étrangers, actifs dans cette zone.
Constant Sam Bagalwa