Le continent Africain célèbre, ce mardi 16 juin 2020, « la Journée de l’Enfant Africain ». Au nord-est de la RDC, Ituri, déchirée par la guerre, sa commémoration « n’a aucun sens », tant que, devant les yeux impuissants des autorités, l’insécurité continue à voler « l’enfance » de toute une génération.
Depuis 2017, Djugu, le territoire de la province de l’Ituri le plus peuplé, commençait à sombrer dans le noir. Peu à peu, l’insécurité s’est déportée à Mahagi voisin, où une milice armée, la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO), s’est donnée à des actes des cruautés et atrocités extrêmes.
Enfant, principale victime des hostilités
Voilà peu de 3 ans que l’insécurité gagne son plein sur la quasi-totalité de l’Ituri. A Mambasa et Irumu, mais principalement à Djugu et Mahagi, la situation humanitaire est très critique. Près de la moitiée des infrastructures scolaires et sanitaires détruites à Djugu; fouillant les atrocités, des milliers d’enfants sont déplacés, d’autres se retrouvent injustement dans la rue (exposés aux intempéries). Le plus grave, au moins 50% (cinquante pourcent) des victimes tuées à Djugu et Mahagi sont essentiellement des enfants innocents.
Quels pêchés ces enfants ont-ils commis ? Être né congolais dans un pays où leur protection n’est pas, à ces jours, formellement garantie par l’Etat congolais pourtant, leur premier protecteur.
Conséquences : Education, santé, développement, alimentation, protection (…) et tous les autres droits fondamentaux des milliers d’enfants en Ituri, sont systématiquement bafoués. Des enfants non instruit et encadrés, c’est l’espoir de toute une génération qui s’envole, mettant l’avenir de l’Ituri en danger.
Le sang des milliers d’enfants sauvagement tués à Djugu et Mahagi réclame justice.
Cette année, lors de sa nouvelle session ordinaire, le Conseil Exécutif de l’Union Africaine, avait adopté pour thème de la journée de l’Enfant Africain « accès à un système de justice adapté aux enfants en Afrique ».
En Ituri, les sangs ont coulé injustement, sans raison fondée, les sangs des innocents, des enfants fragiles et vulnérables sans défense, ont été tués. Certains découpés à machettes, d’autres fusillés. Certains mutilés, d’autres ont perdu des êtres chers. Certains traumatisés, d’autres désespérés.
Aujourd’hui, il faut une « vraie justice » en faveur de ces vulnérables. Une justice en faveur des « âmes massacrées ». Les coupables doivent, sans restriction aucune, répondre de leurs actes inhumains. Mais la vraie justice aussi, c’est « de restaurer l’autorité de l’Etat » sur l’ensemble de l’Ituri, dans l’urgence.
L’enfant d’aujourd’hui, est l’adulte de demain, l’espoir de toute une nation. En faisant respecter tous les droits de l’enfant, c’est accepter d’espérer à un avenir meilleur pour l’Ituri, pour la République Démocratique du Congo et pour toute l’humanité.
Mettons fin à la guerre, pour accorder la chance à « la paix », la clé du respect des droits de l’homme, mais celui de l’enfant en particulier.
David Ramazani activiste des droits de l’enfant en Ituri et encadreur des Structures de Participation d’Enfants.