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    Malgré l’entrée en vigueur le 06 mai dernier de l’état de siège décrété par le président congolais Felix Tshisekedi dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, l’activisme des groupes armés n’a pas cessé de faire des victimes.

    Le territoire d’Irumu situé à la limite entre les deux provinces est resté le théâtre des attaques des rebelles ougandais de l’ADF et leurs alliés, qui ont intensifié des tueries contre les populations civiles dans les localités de Boga, Tchabi, Bwanasura et ailleurs et un déplacement massif des habitants.

    La route nationale numéro 04 qui va de Beni à Kisangani est désormais coupée à la circulation sur le tronçon Luna-Komanda, ceci suite à l’insécurité généralisée causée par des attaques rebelles à répétition.

    Une situation qui inquiète l’opinion en Ituri, beaucoup se demandent à quoi aura servi l’état de siège, suivi du remplacement des autorités civiles provinciales par des militaires.

    “ Comment comprendre qu’en présence des militaires, le carnage est devenu un refrain de tous les jours ? ” s’interroge Weber Djakwonga, un ressortissant de cette province vivant en France.

    Il appelle au retour à la normale en mettant fin à un état de siège improductif.

    “ L’assemblée provinciale doit être restaurée sans délai pour organiser l’élection d’un nouveau gouverneur civil en vue d’un retour à un schéma classique permettant aux ituriens de se prendre eux-mêmes en charge sur fond d’un dialogue sincère ” déclare ce chercheur en informatique et réseaux à l’université Paris-Saclay.

    Pour sa part, Gilbert Kasereka de l’ONG CRDH basée en territoire de Mambasa s’étonne que les égorgeurs ont “ multiplié les attaques, même dans des zones qui étaient calmes avant l’État de siège ”.

    “ On demande au gouvernement de relever les anciennes troupes et leurs commandants, rien n’est fait jusqu’à présent. Des faux rapports continuent d’être envoyés à Kinshasa pour faire croire que le calme commence à revenir, pendant que depuis l’instauration de l’état de siège, nous sommes à plus de 250 personnes égorgées en 60 jours ” indique-t-il dans une publication partagée sur les réseaux sociaux.

    M. Kasereka soutient que durant cette période exceptionnelle, au moins 70% des acteurs de la société civile vivent en clandestinité pour avoir fait leur travail de dénoncer les abus des militaires.

    “ Selon moi, la levée de cet état de siège est urgent, pour sauver la population et les acteurs de la société civile qui sont menacés tous les jours ” a conclu ce défenseur des droits de l’homme.

    La même inquiétude est partagée par Kimikambo Gontcho du mouvement Conscience nationale en action, dans une tribune intitulée “ il est temps de reconnaître l’échec de l’état de siège ” qu’il a publié.

    Pour lui, l’état de siège lancé tambour battant en mai dernier “ n’aura servi à rien ” et les quelques opérations que l’on voudrait mettre à son actif “ ne diffèrent pas des opérations routinières de tous les jours et n’ont d’ailleurs rien à voir avec les exploits de Mamadou Ndala ou Lucien Bahuma ”, eux qui n’avaient pas nécessité l’état de siège pour frapper l’ennemi.

    “ Nous avons tous respecté l’état de siège [···] mais maintenant, vu l’échec, il n’y a plus aucune raison de le prolonger ” conclu-t-il.

    La Rédaction

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