Clôture ce jeudi 16 mai à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, de la formation de renforcement des capacités des enquêteurs sur la gestion des dossiers de crime internationaux. Une activité organisée par l’auditorat militaire de garnison de l’Ituri avec l’appui de la MONUSCO/JSS-CAP.
Cette session de renforcement de capacités qui s’est déroulée du 14 au 16 mai 2024, a réuni des officiers militaires des FARDC, de la Police judiciaire « OPJ » et des responsables de la mission onusienne en RDC, la MONUSCO.
Durant ces trois jours, il était question d’aborder les droits humanitaires internationaux, les éléments constitutifs de crimes internationaux et la procédure devant les juridictions internationales.
Lors de son allocution de clôture, Karna Soro, chef de bureau de la MONUSCO en Ituri, a rappelé les principes que doivent jouer les auditeurs supérieurs dans l’exercice de leur métier, des efforts consentis pour mettre fin à l’instabilité dans la province de l’ituri.
« À mon sens, les principes cardinaux qui devront constituer la base de votre action sont au nombre des trois », rappelle-t-il dès la prise de parole, tout en promettant l’appui logistique, matériel de cette mission onusienne en Ituri.
« Le professionnalisme, l’intégrité et la célérité. Le professionnalisme, c’est-à-dire vous allez ressembler un bon nombre d’informations qui devront actionner des procédures, et cela dans les critères établis, dans les paramètres selon les éléments de langage qu’il faut, pour dire que le professionnalisme doit rester au cœur de votre travail. S’agissant de la célérité, souvent, on dit que le temps reste l’ennemi dans tout ce qu’on fait. Plus on perd de temps, moins on a de chances de retrouver des éléments de preuve pour donner les éléments qu’il faut aux magistrats. Donc la célérité ici est importante pour que les informations puissent arriver rapidement à temps auprès des magistrats de manière professionnelle pour que les choses aillent mieux. Enfin l’intégrité. Ici, nous sommes dans un environnement rempli de beaucoup de tentations,… Et vous n’êtes pas sans ignorer que les acteurs criminels ont leur premier levier : c’est la corruption. Le premier levier d’action d’influence, c’est d’essayer de corrompre les acteurs de la machine judiciaire. Et donc, l’intégrité ici doit être au cœur de votre travail. Encore une fois, ce que vous allez produire va déterminer toute une série d’actions, y compris au niveau de la politique, que vous ne pouvez pas imaginer », a-t-il largement expliqué.
De son côté, le colonel Joseph Makelele, auditeur militaire supérieur de l’Auditorat près la Cour militaire de l’Ituri, a félicité la MONUSCO pour son appui, vu que l’Ituri est encore un terrain glissant et que la police judiciaire n’avait pas les compétences pour gérer certains dossiers sur le terrain.
« Nous sommes sur un terrain assez glissant en Ituri. Et plusieurs fois, nous sommes confrontées à gérer des cas de crime internationaux. Donc de crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité. Souvent devant les juges, certains dossiers sont bâclés, car en amont, la police judiciaire qui était déjà sur le terrain n’a pas pris toutes les mesures pour que les indices, les preuves et le magistrat qui vient par la suite, bien après la commission des faits, ne retrouvent pas tous les éléments. C’est pour cela qu’il fallait étudier encore de nouveau, vérifier comment auditionner les personnes impliquées, comment protéger les victimes et témoins, comment utiliser la police technique et scientifique pour qualifier les crimes », a-t-il fait souligné à buniaactualite.cd
Le major magistrat Guillaume Ngembo, auditeur miliaire de garnison de l’Ituri à Bunia et lieutenant magistrat Alda Kanda, tous deux des participants ont salué cette session de formation, promettant de mettre toutes les notions acquises en pratique.
« Au regard de tout ce que nous avons appris ici, nous pensons que c’est rester dans nos têtes, dans nos cœurs et que nous allons mettre en pratique. Surtout en ce qui concerne les enquêtes relatives aux crimes internationaux perpétrés par les groupes armés en Ituri », ont-ils successivement rassuré.
D’une façon superficielle, il faut dire que les crimes contre l’humanité sont des infractions spécifiques commises dans le cadre d’une attaque de grande ampleur visant des civils, quelle que soit leur nationalité.
Jonathan Bavonga