L’opposant congolais Martin Fayulu, président de la coalition Lamuka a pris la parole ce lundi 2 juin pour décrier la situation sécuritaire qui prévaut dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo.
En bon conseiller, il a lancé un appel à trois personnalités majeures, Kabila, Nangaa et Tshisekedi, un appel qui vibre comme un cri de cœur pour le retour de la paix sur toute l’étendue de la République.
Selon cet ancien candidat aux élections présidentielles de 2018 et 2023, la situation qui prévaut dans cette partie du pays, est le reflet de la matérialisation de la balkanisation tant redoutée depuis des lustres. Il appelle de l’occasion, les congolais à faire échec à cette menace.
« Cessez d’être complices des massacres de nos frères et sœurs, cessez de livrer notre sol, nos vies et nos ressources aux forces étrangères. Le sang congolais ne peut plus couler avec votre complicité. Aucune ambition ne vaut le prix de la souffrance de tout un peuple », a-t-il conseillé à l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa, leader de la rébellion AFC-M23, ce groupe rebelle soutenu par le Rwanda et qui contrôle depuis près de 5 mois la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu et celle de Bukavu dans le Sud-Kivu, et tant d’autres entités de ces deux provinces, voisines de l’Ituri.
« Je vous exhorte de quitter Goma », conseil de Fayulu à Kabila
Selon le président du parti politique Ecidé, le seul moyen efficace à ce jour pour retrouver la paix, demeure le « dialogue » entre peuple congolais. Dans son appel à Joseph Kabila, leader du Front commun pour le Congo, en séjour à Goma depuis environ une semaine, Martin Fayulu a rappelé les corollaires de tout acte de trahison contre la République.
« Aucune raison, même stratégique ne saurait justifier une collaboration avec ceux qui déchirent notre pays. Le chemin vers la rédemption de nos erreurs passées, c’est le dialogue », a laissé entendre l’opposant au régime Tshisekedi. À lui d’ajouter d’un ton ferme :
« Je vous exhorte de quitter Goma. (…) L’histoire ne pardonne pas la trahison, encore moins, celle faite à la patrie ».
Vers une rencontre directe entre Fayulu et Tshisekedi ?
Dans son adresse d’environs 4 minutes, Martin Fayulu a clairement exprimé son vœu de rencontrer le président Félix Tshisekedi, une rencontre pour l’intérêt général. Il lui a également conseillé à jouer son rôle de responsable.
« Je veux vous voir. Non pas pour une faveur, mais pour une discussion directe. Sans faux semblant, sans compromission, mais par patriotisme afin de trouver une issue digne à cette crise existentielle ».
Au delà de ces appels lancés à des leaders politiques et rebelles, Martin Fayulu veut voir les congolais « debout » face à la misère qui les frappe.
Consécutivement à la célèbre phrase de l’hymne national, il a déclaré : « dressons nos fronts longtemps courbés », rappelant à ses concitoyens, l’importance de ne pas demeurer dans le mutisme, face au « danger national » qui les guette. Il les appelle à l’unité.
Le 23 mai dernier, Joseph Kabila à son tour, avait pris la parole, six années après son départ du pouvoir. Dans ses propos, il avait critiqué le régime actuel, l’accusant notamment de dictature, tyrannie ainsi que d’avoir davantage endetté le Pays.
Son séjour à Goma, chef-lieu du Nord Kivu depuis quelques jours, ne cesse de faire parler l’opinion nationale. Pourtant, selon ses proches, il y séjourne avec l’ambition de rechercher la paix.
Depuis quelques jours, il a entamé une série des consultations, rencontrant à cette fin, des leaders religieux, des associations féminines, des responsables coutumiers et ceux des institutions d’enseignement supérieur et universitaire, mais aussi et surtout, les leaders de la rébellion AFC-M23.
La prise de parole de Martin Fayulu ce jour est l’une de rares dans lequel il ouvre son cœur à Tshisekedi, son ancien partenaire de l’opposition face au sénateur à vie Joseph Kabila. Les heures suivantes pourront déterminer la suite du processus.
Afoyogira Uyergiu