Tel est un cop de la ville, Hiro à fond, a enflammé la scène du festival du rap et du slam à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Il a réussi son show haut la main entre l’espoir, messages d’amour et les remerciements.
L’art oratoire au cœur du changement, à Bukavu, plus le temps passe, plus le Festiras grandit. Le bébé de 3 ans avait tout d’un grand : la diversité, le talent, les têtes d’affiche frustrant les charts, le message de paix, de cohésion. Deux soirées riches couronnées par la belle prestation de l’artiste congolais Hiro Le Coq.
Hiro, à la hauteur de l’attente.
« Vous êtes fatigué ? », à 21h06, le public s’impatiente. Après la pluie vient le bon temps, dit-on. Hiro, en introspection (un peu comme ce patriote, la main droite sur la bouche, la gauche comme un pistolet sur la tempe) débarque sur la scène. Il est 21h09.
La tête d’affiche déroule d’une performance devant un public surexcité qui maîtrise parfaitement ses hits. Sur scène, on a un artiste plutôt en Communion. Il n’hésite pas à descendre et à s’approcher de son public.
« Touché couler », « Mayday », « Ton pied, mon pied », « Aveuglé », le chanteur aux gros tubes était à sa première scène au Sud-Kivu. Mais le « Mwana Mboka » ne s’est pas laissé démonter par l’enjeu. Devant une foule déjà compacte, même mouillée sous la pluie, Hiro a livré une prestation absolument euphorisante.
Avec pour ambition de s’installer comme le plus gros festival à l’est de la RDC en proposant une programmation éclectique partagée entre le rap et le slam, Festiras est bien lancé : « J’ai confiance, d’autres gros artistes vont venir ici », croit Hiro.
Le Show Hiro est loin d’être fini. « Ça sera ton pied, mon pied, ton pied, mon pied », le public est à fond sur ses titres. Juste à face, un jeune brandit un portrait de l’artiste (qu’il lui remettra plus tard) fait au sable de Goma. Un précieux souvenir.
Au deuxième jour du festival, ce dimanche 3 novembre, il n’y avait pas que la pluie. En véritable star, Dimitri a déroulé à haut débit les hits de sa riche discographie allant de son dernier album « Âme » jusqu’à l’époque Bana C4, passant par le Boyame Musik.
Un phénomène générationnel et symbole de l’unité
Sur scène, Hiro était bien plus qu’un simple artiste. Né et grandi en France, Dimitri Nganda, influencé par Papa Wemba ou Koffi Olomide, ne s’oublie pas. Dédicace à Ferre Gola, Fally Ipupa, Heritier Watanabe, Werrason (…) vive le Congo, c’est le Congo qui gagne », lance-t-il sur le haut de la scène du Festiras.
Pas étonnant pour un artiste « fièrement congolais », qui prône l’unité et un avenir meilleur pour le pays de ses parents. « Le Congo pour moi, c’est une question de sang et de volonté, pas de papiers », affirmait l’artiste à la veille lors d’une conférence de Presse.
Plus loin, il fait un clin d’œil à la musique du Kivu. « Balance-moi une musique de la ville », DJ Coco laisse les suspens. Tout le monde veut écouter. À la satisfaction générale, c’est Nzo Vile qui résonne. La chanson qui met en lumière Joe Like de Goma et Demba Nyama Mkali de Beni fait carton aussi dans le chef-lieu du Sud-Kivu.
« C’était Hiro, merci Bukavu ». Applaudi, l’artiste se retire de la scène avec les mots de gratitude sur les lèvres. En guise de remerciements, Aldor Tchibembe et Yvette Mushigo, au nom du Festiras, lui remportent en retour un cadeau en pleine scène.
« N’abandonnez pas vos rêves, je sais que c’est compliqué ici (à l’Est de la RDC : ndlr ). Je ne vous oublie pas, je reviendrai », a conclu l’ancien « équipé » de Muluba Business.
Verite Johnson, à Bukavu