Jamais 2 sans 3. Samedi 2 novembre 2024, premier jour de la troisième édition du festival a presque tenu ses promesses : Darassa à Bukavu comme à la maison, Sisco Raggar et Big Denty en patrons, Dan Mill, jeune rappeur flow américain en éclaireur, etc.
Bienvenue à l’Antènée d’Ibanda au bord du lac Kivu dans la commune d’Ibanda. C’est ici que se déroule la troisième édition du Festival du Rap et du Slam (Festiras). Il y fait très froid. Mais cela n’a pas l’air de déranger le public constitué majoritairement de jeunes. Mais voyons le verre à moitié plein : la pluie n’était pas au rendez-vous.
À la porte, la Sécurité contrôle tout. Les festivaliers aux détecteurs des métaux, les véhicules… Par-dessus tout, avoir son billet. « L’art, vecteur de la paix », à gauche comme à droite, des affiches mettent en avant les ambitions du festival. Lart oratoire au cœur du changement.
Si on pourrait reprocher au Festiras quelques erreurs de débutant (retard exagéré dans le début du programme, perturbation dans la programmation initiale, etc.), force est de constater que le premier jour était plutôt prometteur. On était proche d’un véritable sommet de notre week-end malgré un public pas assez grand (il fallait payer 5 000 FC à la porte).
À l’intérieur, l’attente est longue. Le programme prévoyait un début à 13h00. « Nous nous excusons pour le retard », il est 17h55 quand le MC prend la parole. 9 minutes après, Bukavu voit le premier artiste défiler sur la scène : la jeune Brelly Ngoma Flow.
Le public se rapproche du podium. Applaudi, Petit Cœur venu de Nairobi, s’offre une petite lumière à l’image du groupe Wana Siasa Family et de Dan Mill, le jeune rappeur aux look et flow américains. Mill a fait preuve d’aisance sur scène et une élégance rare. À la recherche du temps perdu, les modérateurs sont obligés de remonter sur scène pour interrompre les premiers artistes qui payent le prix du début tardif.
Big Denty et Sisco Raggar en patrons !
Ils ont brillé tels des étoiles. Il fait sombre à Ibanda, la piste éclairée est loin de s’éteindre. Programmés initialement l’un après l’autre, les deux artistes ont livré deux des meilleures prestations du premier jour du festival devant une foule délirante et maîtrisant leur discographie sur le bout des doigts. C’est de l’ambiance.
« Pole Goma », Sisco Raggar compatit avec les familles des victimes du naufrage à Goma d’où il vient. En Gucci personnalisé, il enchaîne le show peu après Big Denty, le chouchou du public. Jusqu’ici, c’est du FestiRap. Aucun slameur sur scène. Avec un show à une dimension impressionnante, les deux rappeurs ont prouvé qu’ils avaient tout de futures têtes d’affiche du Festiras.
Inspiré de la cérémonie Mubande, le groupe de danse « Fire Danse » remémore les valeurs africaines. « Nous avons nos dieux, la guerre perdure…», relate à buniaactualite.cd l’un d’entre eux.
Darassa fait l’unanimité!
À 19h30, Darassa fait l’unanimité. Tenue rouge à la mécanicienne, à bord d’une Mercedes Benz noire teintée, le rappeur Tanzanien s’affirme comme un bon performer avec en point d’orgue le titre Muziki et son refrain scandé par les festivaliers.
« Bamesema nime change…nani Rafiki, nani Aduyi ? Nani real, nani fake ?», des jeunes n’ont aucune difficulté à reprendre ces punchlines. De Too much passant par Kama Utanipenda à I like It, des titres chantés à l’unisson.
Enchaînement de tubes, messages de soutien, remerciements, Bukavu a vécu un retour gagnant sur scène de Shariff Thabit Ramadhan, connu sous le nom de scène de Darassa. L’une des figures de Bongo Fleva a couronné de prestation devant un public assoiffé, le premier jour du Festival.
Verite Johnson, à Bukavu.