Le recrutement d’enfants est un crime de guerre : refusons-le, combattons-le ! Un fléau loin d’être vaincu à l’Est de la République démocratique du Congo où plus de 30 000 enfants présumés sont utilisés dans les groupes armés.
Chef-lieu de la province de l’Ituri, la ville de Bunia a accueilli du 5 au 6 septembre 2024, un atelier interprovincial d’analyse contextuelle d’ensemble sur le recrutement et l’utilisation d’enfants par les forces et groupes armés. Objectif : contribuer à la protection de l’enfant dans les zones affectées par les conflits armés, à l’Est de la RDC, proposer des actions concrètes concertées et conjointes pour stopper le recrutement et l’utilisation d’enfants.
Durant deux jours à Log Base de la MONUSCO, les autorités étatiques et membres de la société civile venus du Sud-Kivu, Tanganyika, Nord-Kivu, Maniema et Ituri peaufinent des stratégies pour combattre ce phénomène. Un atelier organisé par le Réseau des organisations de la société civile contre le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats par les groupes armés. Le go est donné par Irène Vaweka, conseillère du gouverneur chargée de la jeunesse.
Les enfants demeurent une proie facile pour les groupes armés à l’Est de la RDC. Lors des travaux, l’état de lieux P-DDRCS avec implication des structures étatiques (DIVAS/DIVIGENRE/GTTC) y compris les APE/OSC a été aussi abordé. Les coordinations nationale et provinciale de ce service public placé sous l’autorité du chef de l’État sont représentées.
Des travaux sanctionnés par un rapport proposant des stratégies d’action pour éradiquer le recrutement et l’utilisation d’enfants, renseigne à buniaactialite.cd Murhabazi Namegabe, coordonnateur régional de ce Réseau.
Des chiffres inquiétants
L’atelier avait aussi pour objectif de réactualiser la cartographie des groupes armés recrutant et utilisant des enfants dans ces zones. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les enfants continuent d’être affectés par les conflits armés, malgré les efforts conjugués par tous les intervenants.
Les statistiques sont inquiétantes : sur un total de 76 groupes armés opérant au Sud-Kivu, 31.500 combattants dont 1504 femmes sont estimés et comprennent 10.234 enfants dont 2.032 filles.
Dans le Sud-Kivu, selon les chiffres du Réseau des organisations de la société civile contre le recrutement et l’utilisation des enfants soldats par les groupes armés, plus de 2700 enfants ont été déjà libérés et sont pris en charge par le programme à travers ses partenaires.
Le Nord-Kivu, défi qui mérite aussi une attention particulière.
Sur 83 groupes armés (58.920 éléments estimés dont 5.077 femmes), le nombre d’enfants présumés estimé est de 10.471 dont 2.999 filles.
Une réalité aussi dans la province de l’Ituri où, sur 23 groupes armés dont 2 étrangers (compterait 23.338 éléments), le nombre d’enfants présumés est estimé à 7 000 enfants présumés. Sur les 7.000 enfants. Heureusement pour l’Ituri, 751 enfants ont été sortis au courant de l’année 2024, « en plus de plus de 300 qui venaient de sortir la semaine passée (fin juillet : ndlr)»
Pour la province du Tanganyika, un total de 21 groupes armés est estimé et compte un nombre estimé de 10.890 éléments, dont 733 femmes. Le nombre estimé d’enfants est de 3.445 dont 435 filles.
Au Maniema, le réseau dénombre 26 groupes qui disposeraient de 21.145 éléments, dont 2.712 présumés enfants (567 filles).
Verite Johnson