Au cœur de l’Ituri, une région fréquemment marquée par les crises, des foyers d’accueil transitoires offrent un havre de réconfort aux enfants séparés de leurs familles. Parmi eux, celui de Ngolocha Melchior et de son épouse Nz’da Buma se distingue par son engagement profond et constant au sein du programme des Familles d’Accueil Transitoires (FAT) de la Croix-Rouge.
Leur parcours, empreint de compassion et de dévouement, illustre la force de la solidarité familiale dans la reconstruction des enfants vulnérables.
« Nous sommes en quelque sorte le pont entre le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la famille biologique de l’enfant séparé de ses parents », explique Ngolocha Melchior avec humilité.
C’est en 2022 que ce couple au grand cœur a rejoint le programme, après une formation approfondie dispensée par la Croix-Rouge. « Nous avons appris à accompagner des enfants ayant traversé des épreuves difficiles, souvent liées à des maladies ou à des déplacements forcés. Depuis, nous avons accueilli plus de 20 enfants », se souvient-il.
Le programme est piloté par le Rétablissement des Liens Familiaux(RLF), qui collabore avec des citoyens engagés comme Ngolocha et Nz’da Buma. Cette dernière, membre active des secouristes de la Croix-Rouge depuis 2011, souligne : « L’objectif est d’offrir un environnement stable et sécurisant à ces enfants, même si ce n’est que pour un temps limité. »
Le processus de sélection des familles d’accueil repose sur des critères précis. « Les équipes évaluent notamment la proximité géographique avec les zones les plus touchées, notamment celles situées au-delà de ce que nous appelons la “grande rivière” », précise Ngolocha, illustrant les défis logistiques liés à cette mission de solidarité.
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Mais au-delà de la structure, cet engagement tire sa force d’une conviction intime : « Je suis père. Lorsque je vois un enfant souffrir, c’est comme si c’était le mien », confie Ngolocha avec émotion. Il veille de près sur la santé des enfants qu’il accueille : « Je mène des tests réguliers pour m’assurer de leur bien-être. Mon conseil aux enfants ? Qu’ils restent unis, qu’ils rient ensemble. Ces moments comptent pour leur équilibre. »
La vie dans ces foyers temporaires tisse des liens profonds : « Ils mangent, jouent, dorment et grandissent ensemble », raconte-t-il. Certains enfants arrivent cependant avec des barrières linguistiques : « Ils viennent de différentes régions de l’Ituri, et la langue peut isoler au début. Mais les repas partagés et les jeux favorisent l’inclusion. »
Ngolocha insiste sur l’importance d’une présence adulte rassurante : « Ces enfants ont besoin d’écoute et de sécurité affective. Quand ils sentent qu’ils ne sont pas seuls, leur niveau de stress baisse, et leur sourire revient. »
Son message est un appel à la solidarité : la Croix-Rouge recherche activement de nouvelles familles prêtes à offrir un foyer temporaire à ces enfants vulnérables. Les critères sont souples, tant qu’il y a une réelle disposition à aider.
Nz’da Buma, de son côté, s’adresse directement aux mères de Bunia : « Ouvrez votre cœur. Et surtout, apprenez à vos enfants, dès le bas âge, leur nom complet et un numéro de téléphone de contact. Cela peut sauver des vies. »
Derrière chaque famille d’accueil se cache une histoire de résilience, d’amour et de solidarité. Celle de la famille Ngolocha illustre avec force qu’un simple geste accueillir, écouter, partager peut redonner de l’espoir à ceux qui en ont le plus besoin.
Grâce Kasemire