En Ituri, les rumeurs, la désinformation et les manipulations sont au cœur de l’actualité. Ces phénomènes, qualifiés par les autorités de « jeu de l’ennemi », constituent une véritable guerre des mots dans cette province en proie à des conflits depuis de nombreuses années. Cependant, la propagation des fake news a atteint un niveau sans précédent ces derniers temps, notamment l’annonce et l’arrivée de l’« UPDF » (Uganda People’s Defence Force).
Un tweet publié le 15 février 2025 par Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major général de l’armée ougandaise, a suscité de nombreuses interprétations. L’armée ougandaise s’est récemment déployée aux alentours de Bunia, officiellement pour « étendre sa zone d’action » dans le cadre des opérations conjointes avec les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), en vigueur depuis novembre 2021. Cette situation a alimenté des rumeurs et des spéculations, créant un climat d’inquiétude parmi les habitants.
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Les conséquences sont palpables : les effectifs scolaires ont diminué dans certaines écoles de Bunia, certains élèves préférant rester chez eux par crainte d’éventuelles attaques. Certains établissements ont même libéré leurs élèves plus tôt que prévu ces derniers jours. Des familles ont également choisi de se déplacer ou d’envoyer certains de leurs membres dans des zones jugées plus sûres. Enfin, la circulation dans le centre-ville diminue significativement après 20 heures.
La progression du groupe rebelle M23 au Nord-Kivu contribue également à alimenter un climat de psychose en Ituri, une province déjà menacée par cette rébellion. Bien que les autorités militaires locales tentent de rassurer la population, de nombreux habitants interprètent la situation à leur manière, ce qui nourrit davantage de spéculations et de peur.
La MONUSCO et les FARDC en lutte contre la désinformation
Face à ces rumeurs, l’action est de mise. Moins les autorités communiquent, plus les fake news se propagent. La MONUSCO, souvent ciblée par la désinformation, tient à clarifier qu’elle n’a pas quitté Bunia et ne prépare aucun désarmement. Jean Tobie Okala, porte-parole de la MONUSCO, insiste sur la nécessité de collaborer et d’éviter de tomber dans le piège de l’ennemi : « Plus ils voient que vous vous tirailler, plus ils avancent. »
Il ajoute : « La désinformation et les rumeurs, c’est comme se tirer une balle dans le pied. On ne gagne jamais une guerre sans collaboration. » Un sentiment partagé par Jules Ngongo, porte-parole des opérations militaires en Ituri, qui rappelle : « Nous devons tout faire pour empêcher quiconque de détruire ce que nous avons construit au prix de notre sang. »
Le rôle social des journalistes : un appel au professionnalisme
La MONUSCO et les FARDC sensibilisent les journalistes à leur rôle crucial dans la lutte contre la désinformation. Ils doivent être des intermédiaires fiables, capables de couper court aux rumeurs et d’éviter la confusion. Pour cela, l’accès aux sources officielles d’information est essentiel.
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Jean Tobie Okala et Jules Ngongo ont lancé un appel solennel aux médias : « Mes chers frères, nous avons un rôle social à jouer. L’Ituri a besoin de vous. » Jules Ngongo a également exprimé ses préoccupations : « Ne laissons pas détruire l’Ituri que nous avons construit avec tant de difficulté. Soyons ceux qui apportent de bonnes nouvelles à notre population. Soyez professionnels et appelez à la culture de la paix. »
Il a conclu en insistant sur la responsabilité de la presse : « Ne perdons pas de temps à accompagner l’ennemi dans ses manœuvres. Fiez-vous aux sources officielles et soyez les relais d’une information vérifiée. »
Une guerre de l’information à ne pas sous-estimer
La désinformation représente une autre forme de guerre à combattre en cette période de conflit. Elle se propage souvent plus rapidement que la vérité, ce qui rend d’autant plus cruciale la mise en place de mécanismes de communication constante par les autorités. Ces efforts sont essentiels pour maintenir le calme et l’apaisement au sein de la population.
Verite Johnson