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    vendredi, 20 septembre 2024

     

    Dans le paysage politique congolais, les déclarations des dirigeants ont souvent un impact significatif sur les dynamiques internes et internationales. L’évolution récente des propos de Félix Tshisekedi, transformant une simple déclaration sur une « escarmouche » en un refus catégorique de négocier soulève des questions cruciales sur la gestion des affaires de l’État.

    Initialement, l’expression « à la moindre escarmouche » suggérait une approche diplomatique guerrière, mettant en lumière la nécessité d’un affrontement militaire face à des tensions avec le Rwanda. Cependant, le changement de ton vers « Jamais, au grand jamais je n’aurai en face de moi la délégation de l’AFC-M23 pour négocier » représente un discours pour la base de l’UDPS.

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    Ce refus de dialogue n’est pas seulement une question de diplomatie ; il incarne une attitude qui peut miner la stabilité politique et sociale du pays. Le refus de négocier avec des groupes d’opposition n’est pas sans conséquences. Ignorer la nécessité d’un dialogue constructif peut conduire à une escalade des tensions, exacerbant les conflits existants et entravant les efforts de paix.

    L’histoire politique mondiale regorge d’exemples où le dialogue a permis de désamorcer des crises potentiellement dévastatrices. En revanche, l’intransigeance a souvent engendré des situations de violence prolongée et de souffrances humaines. La RDC, riche en ressources mais souvent en proie à des conflits internes, a besoin d’une approche sérieuse et réfléchie pour résoudre ses problèmes.

    Le gouvernement doit comprendre que la gouvernance efficace ne repose pas seulement sur la force ou l’autorité qu’il a du mal à exercer même dans la capitale, mais sur la capacité à écouter, à dialoguer et à inclure toutes les parties prenantes dans le processus décisionnel. La démocratie ne se limite pas à des élections. Elle implique également un engagement continu avec la société civile et l’opposition.

    Pour que la RDC avance vers une véritable stabilité, il est essentiel que ses dirigeants redéfinissent leur approche du leadership. Engager des discussions avec toutes les factions, y compris celles qui sont souvent perçues comme des adversaires. La négociation ne doit pas être perçue comme une faiblesse, mais comme un signe de force et de maturité politique.

    Les dirigeants doivent être transparents dans leurs intentions et leurs décisions, renforçant ainsi la confiance du public et des partenaires internationaux. Encourager le développement d’une société civile forte capable de jouer un rôle actif dans le processus politique. La transformation des propos de Félix Tshisekedi illustre un moment critique pour la RDC.

    Le sérieux doit revenir dans la conduite des affaires de l’État. Il est temps que les dirigeants congolais prennent conscience que le refus de dialogue n’est pas une solution viable. Au contraire, un engagement sincère dans la négociation et la coopération est essentiel pour construire un avenir pacifique et prospère pour la RD Congo.

    Le chemin vers la paix et la stabilité commence par la reconnaissance de l’importance du dialogue, même avec ceux que l’on considère comme des adversaires. L’unité du peuple congolais doit être le premier combat de la première institution de la République et la justice, équitable pour tous, au coeur de toutes les décisions gouvernementales.

     

    TEDDY MFITU

    Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

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