Le moment du changement : de la guerre à la paix, de la douleur à l’espoir, les ex-combattants choisissent la paix. Ils sont une dizaine à avoir reçu leurs cartes de démobilisation des mains du P-DDRCS à Bunia, la capitale de la province de l’Ituri.
Cette passation de pouvoir facilitée par le Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS), est bien plus qu’une formalité administrative : c’est une rupture avec un passé violent, libre de toute ambiguïté, et une ouverture, résolument, vers une vie civile d’espoir.
Ces ex-combattants venus notamment de Djugu, Irumu et Lodjo ont décidé de poser définitivement les armes. Leurs paroles, fortes et sans ambiguïté, traduisent à la fois les cicatrices laissées par les années de conflit et leur volonté profonde de reconstruire leur vie et celle de leurs communautés.
Des mots lourds de souffrance, mais porteurs d’espérance
« Qu’ils déposent les armes, nous voulons la paix », lance Imani Esther, ancienne major dans un groupe d’autodéfense. Ayant connu plusieurs combats, elle affirme aujourd’hui avec conviction : « Oui, j’avais déjà fait la guerre plus d’une fois. Oui, je ne referai plus. »
Même écho du côté de Nicolas Mpaka, ex-combattant basé à Lodjo : « J’ai décidé de quitter la brousse pour la paix. Qu’est-ce que j’ai gagné là-bas ? Rien. Juste la souffrance. » Son message est un cri de cœur : « J’exhorte ceux qui sont encore là-bas de revenir à la vie civile, pour eux-mêmes et leurs familles. »
Un appel à tourner la page définitivement
Kabikima Kabo, ancien lieutenant-colonel du FPIC, ne mâche pas ses mots : « La guerre n’a plus de sens. Le temps de la guerre est passé, le temps du développement est là. » A ses yeux, le moment est venu de reconstruire l’Ituri, non plus avec des armes mais avec des actes de paix : « Moi-même, je n’accepterai plus jamais de combattre mes propres frères. Jamais.»
Pour Kamuanda, un autre ancien membre d’autodéfense, le retour à la vie civile rime avec reconstruction personnelle : il s’engage désormais à se lancer dans le commerce, symbole d’une volonté de bâtir un avenir stable et productif.
L’espoir d’une paix durable
Cette action collective, même si elle émane d’un petit groupe, envoie un message puissant à l’ensemble de la province de l’Ituri : la guerre n’est pas une fatalité. Le courage de ceux qui ont choisi de changer de direction peut être une source d’inspiration pour ceux qui sont encore pris au piège du cycle des conflits.
Le P-DDRCS, en remettant ces cartes, réitère ainsi son engagement de promouvoir la stabilité par la réintégration des ex combattants dans la vie civile au sein des communautés, dans une logique de rétablissement de la cohésion sociale grâce au développement économique durable et au soutien de leur moyens de subsistance, conformément aux plans de développement locale et au processus de planification participative.
Mais l’épreuve sera de taille : un appui constant, des opportunités concrètes, et plus que tout, un engagement collectif pour éviter les retournements de situation.
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Le 7 mai 2025 à Bunia restera gravé dans les mémoires comme un tournant. Là où les combattants ont choisi de faire la paix. Un engagement tendre et ferme, comme une graine semée sur une terre longtemps meurtrie, prête à accueillir un nouvel avenir.
Verite Johnson