Célébration ce mercredi 02 novembre de la journée internationale pour la fin de l’impunité des crimes commis contre les les journalistes. Une journée dédiée à Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI morts assassinés à Kidal, au Nord du Mali.

9 ans après, faisons un regard sur l’Ituri, une province du Nord-Est de la RDC.

De prime abord, mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes constitue l’un des enjeux les plus pressants pour garantir la liberté d’expression et d’accès à l’information pour tous les citoyens.

Dans cette province déchirée par la guerre depuis des décennies, cette question est loin d’être réglée et la situation est bien complexe. Les journalistes ne sont pas vus d’un bon œil au même moment par des miliciens que par certains éléments des Forces loyalistes FARDC.

Depuis janvier 2022, la section provinciale de l’Union Nationale de la Presse du Congo UNPC affirme avoir documenté 10 cas graves d’incidents liés au métier des journalistes dont la mort de l’un d’entre eux, Sengi Scharack, assassiné par un militaire FARDC à Walese Vonkutu dans le territoire d’Irumu en date du 08 juillet 2022.

Durant la même période, 4 cas de tortures et extorsion des biens des professionnels des médias ont été répertoriés, 2 cas de menaces de mort, intimidation, trafic d’influence et autres.

Ce chiffre n’inclut pas les nombreux autres journalistes qui, quotidiennement, subissent des agressions non documentées, le déplacement forcé et le harcèlement, que ce soit en situation de conflit ou non. C’est le cas de Jean Christian Bafwa de la radio CANDIP/ISP Bunia qui a reçu plus d’une fois des menaces de mort de la part des miliciens locaux. Une situation qui s’étend notamment dans la presse numérique.

En outre, il existe, pour les femmes journalistes, des risques spécifiques, notamment les agressions sexuelles.

Les menaces de violence et les attaques contre les journalistes en particulier créent un climat de peur parmi les professionnels des médias, entravant la libre circulation des informations, des opinions et des idées au sein de la population. Il y a une année, Abdul Lazo, journaliste à la RTNC station de l’Ituri, se faisait arrêter en plein air et jeté au cachot de l’auditorat militaire le 02 novembre, la même date pourtant dédiée à la lutte contre l’impunité des crimes contre les journalistes.

Peu avant, l’autre journaliste Nickson Manzekele, travaillant pour le compte de la Radio Télévision Mont Bleu, a été même dépouillé de son matériel de travail par des éléments FARDC, en pleine couverture d’une activité. Depuis cet incident en janvier dernier, non seulement son outil n’a pas été restitué, mais aussi les auteurs n’ont jamais été inquiétés.

La souffrance des journalistes reporters ne s’est pas arrêtée là. Janvier Bamunoba et David Ramazani, deux journalistes du média en ligne buniaactualite.cd ont tout récemment été interpellés et agressés à l’aéroport national de Murongo par des éléments des forces armées de la RDC.

Malgré tout cela, Christine Abaditho, présidente de l’UNPC Ituri appelle ses collègues à “ne pas laisser la voie libre aux bourreaux”.

Faisant une statistique générale, l’organisation non gouvernementale journaliste en danger (JED) a de son côté documenté 124 cas d’atteintes à la liberté de la presse depuis le début de l’année 2022 sur l’ensemble du pays.

«Sous Kabila, on tuait des journalistes, on fermait des médias, on coupait l’Internet… Sous Tshisekedi c’est le journalisme qui se meurt» regrette ce rapport.

Ituri, une zone en conflits armés, fait face à la cruauté à la fois de la part des groupes de milices locales et des rebelles étrangers. Des cas de dérapages des militaires de l’armée régulière sont aussi rapportés et les journalistes ne sont pas épargnés.

Verite Johnson

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