Archives

    Depuis plusieurs années, les rappeurs d’origine congolaise occupent une place prépondérante dans le paysage musical francophone, notamment en France. Leur succès s’explique par la richesse d’un héritage musical dont la diaspora s’inspire pour créer des sons entraînants ou porter des messages engagés. En 2024, pas moins de sept artistes d’origine congolaise figuraient parmi le top 10 des artistes les plus écoutés en France, témoignant de leur influence grandissante.

    Aujourd’hui, les artistes issus de la diaspora de la République démocratique du Congo (RDC) représenteraient plus d’un quart des streams de la musique française. Sur les quatorze titres ayant atteint le sommet des charts l’année dernière, neuf étaient l’œuvre d’artistes congolais, dont les deux plus populaires : « Petit génie » de Jungeli et « Spider » de Gims. Parmi les nouveaux talents, des figures comme Theodora, avec son tube « Kongolese sous BBL », ou le rappeur Jolagreen23, en pleine ascension, confirment cette tendance.

    Un héritage musical riche et métissé

    Le succès de ces artistes s’enracine dans la tradition musicale congolaise, marquée par un mélange unique de genres et de cultures. Dès les années 1990, le collectif Bisso Na Bisso, composé de Lino, Calbo et Passi, a ouvert la voie en mêlant hip-hop, rumba et zouk, tout en intégrant le lingala et le français dans leurs textes. Ce métissage culturel a influencé toute une génération d’artistes, de Maître Gims à Youssoupha, en passant par Kalash Criminel, qui utilisent souvent des langues bantoues pour enrichir leur musique et rendre hommage à leurs racines.

    La famille joue également un rôle central dans cette transmission culturelle. Des artistes comme Youssoupha, Shay ou le producteur Le Motif sont les descendants de Tabu Ley Rochereau, une légende de la rumba congolaise. Cette filiation artistique se retrouve aussi dans les parcours de Damso ou Niska, qui ont grandi dans des environnements imprégnés de musique.

    Des influences variées et une identité affirmée

    Les artistes congolais puisent leur inspiration dans une multitude de genres, allant du gospel à l’afrobeats, en passant par le ndombolo et la rumba. Tiakola, par exemple, a récemment sorti une mixtape, BDLM Vol°1, qui fusionne habilement ces influences. Dans un podcast, il confie que son style vocal est largement influencé par les chants religieux entendus dans les églises évangéliques, où il a appris à chanter dès son plus jeune âge.

    La dimension spectaculaire de la musique congolaise, souvent accompagnée de danses, a également contribué à son succès. Avec l’essor des réseaux sociaux, les chorégraphies associées aux morceaux d’afro rap ont permis de populariser les sons de Naza, Gims ou Franglish, devenus des incontournables dans les clubs français.

    Entre succès musical et engagement politique

    Au-delà de leur impact musical, de nombreux artistes congolais utilisent leur plateforme pour dénoncer les injustices et les conflits qui touchent leur pays d’origine. Damso, par exemple, évoque dans ses textes les traumatismes de la guerre civile qu’il a fuie enfant. Il s’engage également sur le terrain, finançant la construction d’un orphelinat à Kinshasa et créant une fondation pour lutter contre l’exploitation minière en RDC.

    Gims, récemment récompensé aux Victoires de la Musique, a profité de son discours pour alerter sur la situation critique en RDC, notamment à Goma, assiégée par des milices. D’autres artistes, comme Gradur, SDM ou Kalash Criminel, n’hésitent pas à aborder des sujets sensibles, tels que le génocide en RDC ou l’indifférence internationale face aux conflits armés. Le projet 100% Kongo de Gradur, par exemple, vise à valoriser la culture congolaise tout en dénonçant les violences subies par le pays.

    Enfin, des initiatives comme le titre « Free Congo », porté par Gradur, Ninho, Damso, Josman, Youssoupha et Kalash Criminel, illustrent cette volonté de mobiliser l’opinion publique et de donner une voix aux victimes des conflits.

    A lire aussi :

    Victoires de la musique 2025 : sacré artiste masculin de l’année, Gims lève la voix pour l’Est de la RDC

    Les artistes d’origine congolaise dominent la scène musicale francophone grâce à un héritage culturel riche, un métissage artistique unique et une identité profondément ancrée dans leurs racines. Leur succès ne se limite pas à la musique : ils utilisent leur notoriété pour sensibiliser le public aux enjeux politiques et sociaux qui touchent leur pays d’origine. Entre innovation musicale et engagement, ils offrent une voix puissante à la diaspora congolaise et contribuent à façonner le paysage culturel francophone.

    Buniaactualite.cd avec RFI

    Leave A Reply

    error: Content is protected !!