[ (…) Si jamais mon mec me demande d’abandonner la mécanique, c’est lui que je vais quitter], des mots forts qui témoignent d’une détermination. Christelle Ezoko a choisi de se salir les mains. Depuis toute petite, elle rêve d’être mécanicienne. Un rêve qui grandit, une passion qui pousse et l’idée vivait toujours dans sa tête.
Élève finaliste, Christelle Ezoko brise les codes. Glamour, concours de beauté, la mode, etc. elle a choisi sa route loin de là : la mécanique. Sur les hauts de ses 18 ans, elle est l’une des rares élèves à participer à une formation en mécanique au chef-lieu de la province de l’Ituri. Pour beaucoup, il s’agit encore d’un « travail d’homme », mais elle n’a jamais hésité à suivre son rêve.
Croire en soi, malgré les obstacles
Depuis 2023, elle est admise dans un garage pour ses pratiques de mécanique, en parallèle avec l’école où elle étudie plutôt la pédagogie. Paradoxe. Cependant, dès le départ, son premier obstacle était sa mère.
« Elle ne voulait pas que je fasse la mécanique. Elle me découragait et me disait que c’est un truc des hommes. Finalement, elle a fini par accepter l’année dernière « , relate-t-elle. Quoi de mieux pour la jeune élève du complexe scolaire Elikya pour faire les saltos.
D’abord un début timide, au fil du temps la nouvelle apprentie mécanicienne s’est intégrée dans le groupe des garçons travaillant au garage [Nyaya 2 (Bunia) vers l’église Catholique]. Ils se sont habitués à la présence de Christelle.
Monde des hommes, peu importe le stéréotype, Ezoko a une passion. Elle retrouve son feeling en se salissant les mains. Entre rentrer de l’école et rejoindre le garage, elle n’a pas le temps, même pas pour manger. L’amour extrême pour son métier de rêve.
» L’école prend fin à 14h10. J’arrive à la maison, je change d’habits et je passe directement au garage. Je ne mange même pas, parce que je n’ai pas le temps. Je mange seulement le soir« , a-t-elle affirmé en direct de l’émission culturelle Week-end Show (diffusée sur la radio Mont Bleu Bunia) qui la recevait le samedi 10 août 2024.
Vidange, changement de plaquettes de frein, de pneumatiques, câblages … Une fois que les voitures sont sur le pont, la mécanicienne réalise le même travail que les hommes. Au garage, elle vient avec un objectif précis : « Je ne viens pas observer les autres, j’aime toucher. »
Christelle n’attend pas que l’opportunité frappe à sa porte, elle construit sa propre porte pour inviter l’opportunité. Une perception passionnante d’une jeune fille d’exception. « Conseil gratuit aux filles, n’accepter pas de dépendre des autres », conscientise la fille de Nyanya 2 via buniaactualite.cd.
Le skincare « pourquoi pas », le make-up « pas vraiment », sa détermination pour réussir est totale. Sur son chemin, il ne voit aucun obstacle aujourd’hui : Même pas son petit ami : « S’il me dit d’arrêter, c’est lui que je vais quitter. »
Une année après ses débuts, elle est adulée par les uns, redoutée par les autres. « Certains de mes amis s’en moquent. Une amie m’avait dit pourquoi j’ai choisi la mécanique, les garçons ne vont même pas te draguer (…), je lui avais répondu que c’est ma passion « , explique Christelle. Une fille qui opte pour la mécanique de voiture, dans un milieu où cette activité est perçue comme réservée aux hommes, le choix a vraiment de quoi surprendre. Pas chez Christelle.
Au Garage, Ezoko, aussi souriante, s’emploie et s’implique aux tâches que lui confie son chef. À la fin de sa formation, elle a un autre rêve : devenir chauffeur travaillant pour le compte des organisations non gouvernementales. « J’aime surtout conduire le Land Cruiser », révèle la belle brune.
Verite Johnson