Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a exprimé le dimanche 24 novembre 2024 sa vive inquiétude en rapport au projet de changement ou de révision de la constitution, un projet soutenu par des caciques du pouvoir de Kinshasa ainsi que d’autres acteurs politiques. Pour le cardinal, le pays fait face à des défis qui doivent plutôt constituer la priorité pour tous.
Lors d’une activité des journées diocésaines des jeunes à la paroisse catholique Saint Raphaël de Limete, le prélat a vivement critiqué le projet visant à réviser la constitution.
« Comment, dans un pays, passer autant de temps et d’énergie, de l’argent à parler de changement constitutionnel, en lieu et place de s’occuper de cette jeunesse abandonnée ! », s’est exclamé le cardinal Ambongo.
« Est-ce que c’est le changement constitutionnel qui va nous donner un avenir à la fin de nos études ? » a-t-il lancé à la clameur des fidèles.
Comme de nombreux autres opposants à cette initiative qui dotera le pays d’une nouvelle loi fondamentale dès l’année prochaine, ce responsable religieux met son argumentaire prioritaire sur le bien-être du peuple congolais. Dans un entretien à Radio Okapi, Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, relayant le point de vue des évêques, qualifiait déjà le changement ou la révision de la constitution d’une « démarche dangereuse sur le plan social, sur le plan politique, et même sur le plan sécuritaire », craignant des possibles heurts si la question n’est pas bien gérée.
Sinon, que ce soit dans le camp de ceux qui soutiennent le changement ou la révision ou dans le camp des opposants, la lutte est loin d’être terminée. Pendant son séjour à Lubumbashi, Félix Tshisekedi avait durci le ton alors qu’il parlait de son ambition à offrir au pays une nouvelle constitution. « Personne ne changera mon avis sur la révision ou le changement de la constitution », avait-il dit devant les Lushois à la Place Moïse Tshombe.
Conscient des défis auxquels est exposée la jeunesse congolaise « sacrifiée », le cardinal Ambongo appelle à une prise de conscience. « Que personne ne vous vole votre avenir, votre avenir ne dépend que de vous. »
Deux provinces de l’Est du pays sont sous état de siège depuis trois années. L’actuelle constitution en vigueur adoptée en 2006 consacre en son article 219 qu’aucune révision ne peut intervenir pendant l’état de guerre, l’état d’urgence ou l’état de siège. Peut-on se poser des questions sur l’avenir de ce régime spécial dès l’année 2025 si les politiques persistent dans leurs démarches de révision constitutionnelle ? Et aussi la légalité de cette procédure si l’état de siège n’est pas levé ?
Afoyogira Uyergiu