Denis Mukwege Prix Nobel de la Paix, vient de lancer un appel intitulé : « Arrêtez les massacres des congolais, la paix est possible ».
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Ci-dessous, l’intégralité de cette communication parvenue ce mardi 04 février 2025 à buniaactualite.cd ⤵️
Le bilan macabre des récents combats qui ont opposé l’armée congolaise aux forces armées rwandaises et leurs supplétifs du M23 dans la ville de Goma émerge timidement. Selon le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé, au 31 janvier 2025, 773 corps sans vie ont été dénombrés et d’autres joncheraient encore les avenues, en état de décomposition avancée. A ces morts s’ajoutent environ 3000 blessés, sans assistance suffisante ni efficace.
Cette horrible boucherie humaine vient alourdir les statistiques de plus de six millions d’hommes, de femmes et d’enfants tués depuis trois décennies dans ces guerres sans fin imposées au peuple congolais.
Une fois de plus, la communauté internationale ne dira pas qu’elle ne savait pas. Depuis des années des rapports de l’ONU pointent du doigt la responsabilité du Rwanda dans l’organisation et la conduite de ces guerres, mais à ce jour, rien de significatif n’a été fait pour arrêter ces graves violations du droit international et humanitaire. Tout au contraire, l’Union Européenne et plusieurs pays occidentaux ont maintenu leur coopération avec le Rwanda et continuent à financer indirectement, à coup de millions de dollars, ses expéditions guerrières et mortifères en RD Congo ainsi que le pillage de ses ressources minières.
Depuis des décennies et encore ces dernières semaines, je n’ai cessé d’alerter et de mobiliser l’opinion internationale sur l’urgence d’imposer la paix en RD Congo et dans la région des Grands-Lacs africains, mais en vain. Comparée à l’intervention de l’Occident dans la guerre de l’Ukraine, celle du Congo est une guerre négligée et les vies congolaises n’ont objectivement pas de valeur suffisante pour mériter une attention.
C’est la politique de deux poids deux mesures et de l’humanisme à deux vitesses que nous avons décriée et dénoncée à plusieurs reprises.
Et pourtant les solutions existent pour arrêter durablement cette catastrophe.
En premier lieu il y’a urgence à couper l’aide militaire et financier au Rwanda et de lui imposer des sanctions économiques.
Ensuite, l’Accord-Cadre de la paix, la sécurité et la Coopération pour la RDC et la région, dit Accord-Cadre d’Addis-Abeba signé le 24 février 2013 par 11 pays (RD Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda, Angola, Tanzanie, Zambie, Soudan du Sud, République centrafricaine) rejoints par le Kenya et le Soudan le 31 janvier 2014 ainsi que l’ONU, l’Union africaine, la CIRGL, la SADC et parrainé par l’Union européenne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique et la France, avait déjà jalonné le chemin d’une paix juste et durable dans la sous-région des grands lacs africains. Il est plus qu’urgent de mettre en œuvre ses recommandations.
Enfin, puisque l’exploitation des ressources naturelles est le véritable nerf de la guerre, depuis des semaines et en ce moment même, je me retrouve en Europe pour sensibiliser les gouvernants, les institutions internationales, les entreprises et les organisations de la société civile sur l’intérêt de l’approvisionnement licite, pacifique et gagnant-gagnant de ces ressources dans une optique du « Business for peace » qui promeut l’intérêt durable du peuple congolais en même temps que celui des entreprises désireuses des matières premières stratégiques dont regorge le sous-sol congolais. Telle est la raison pour laquelle, en écho et en soutien à l’initiative du Pacte de la Paix des Eglises catholique et protestantes du Congo (CENCO-ECC), je renouvelle mon appel à l’organisation d’une « Conférence internationale sur la Paix durable en RD Congo et dans la Région des grands-Lacs africains ».
Rédaction