Au Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, le festival Amani a été annulé par le maire de Goma mardi 12 novembre. Les organisateurs ne sont pas les seuls déçus par cette décision. Prenant acte ce jeudi 14 novembre 2024, ils estiment que les raisons invoquées par l’autorité urbaine ne justifient pas une telle mesure. Avis soutenus par plusieurs artistes.
Le slogan était pourtant clair : « Là où les armes divisent, la culture rassemble ». Pas suffisant pour le colonel Faustin Kamand Kapend d’autoriser la tenue de cet événement du 15 au 17 novembre. Le rappeur congolais Youssoupa y voit une « annulation terrible et injuste ».
« Les gens de Goma et du Congo ne méritent mieux que ces décisions qui négligent notre culture. J’ai hôte », écrit l’artiste sur son Insta story.
Les artistes haussent le ton !
La ville de Goma est ainsi privée de 3 jours de danse et de musique pour une paix durable. Des mois de travail, d’efforts et de mobilisation qui tombent dans l’eau à 48 heures de la date butoir. Là où l’autorité urbaine évoque « la météo sécuritaire pas favorable pour la ville », certains ont un regard lointain.
« En tant qu’artiste, nous ne pouvons pas accepter que notre métier soit le bouc émissaire de l’incompétence des gens qui n’arrivent pas à sécuriser la ville (…) », s’indigne le danseur professionnel Faraja Batumike.
À Kituku, le site était quasiment prêt pour les festivités avec « une pensée pour les victimes de la crise sécuritaire ». Certains artistes étaient déjà à Goma pour détendre les festivaliers loin des problèmes quotidiens et des séquelles de la guerre.
« Je suis déçue (…) Je pense qu’on est en train de nous tuer psychologiquement », alerte au micro de buniaactualite.cd, Voldie Mapenzi, artiste musicienne invitée pour la dixième édition du Festival Amani. Écho favorable chez Magic Pinokio, un autre artiste sélectionné qui ne trouve « pas fondée » la décision d’interdire cet événement culturel.
Référence dans la région, le Festival offre un espace de rencontre, d’échange, de cohésion sociale, de penser et d’engagement pour un avenir commun meilleur.
Une occasion de vendre Goma autrement et de montrer au monde la volonté des jeunes à construire un avenir meilleur en usant de leur savoir-faire.
« Cœur qui saigne », Innoss’B, qui se souvient encore de l’annulation de ses deux concerts humanitaires, regrette que le seul événement « qui fait briller la région… soit étouffé ».
« Depuis l’année passée, vous savez combien de concerts ont eu lieu à Goma sans annulation ou étouffement ? Mais ce sont toujours les initiatives plus importantes au profit du peuple qui sont étouffées… Pourquoi nous sommes traités comme si nous sommes des étrangers dans notre propre pays ? Certains d’entre vous ne font rien de bon pour l’avancement du pays, mais quand vous vous ennuyez, vous vous mettez à étouffer les efforts des Congolais qui ont le souci de ce pays… », a écrit cet artiste originaire de Goma sur X.
2024, une année à oublier pour le festival Amani avec 3 reports entre février et novembre. Annuel, cet événement vise aussi à redorer l’image de Goma, de l’Est de la RDC, plus médiatisée à cause des atrocités de longue date.
Verite Johnson