L’opposant congolais Jean-Marc Kabund A. Kabund s’est exprimé jeudi 6 mars 2025 sur plusieurs points concernant la marche de la République démocratique du Congo. Depuis sa sortie de prison à la fin février dernier, cet ancien « bras droit » de Félix Tshisekedi se fait de plus en plus disponible sur la scène politique, multipliant des rencontres avec différents caciques de la vie publique à à travers le pays.

Dans un long entretien avec la Radio France Internationale, le leader du parti politique Alliance pour le changement a appelé à dépassionner le débat autour de la situation dans l’est du pays, où la crise sécuritaire causée par les exactions de la rébellion de l’AFC/M23 exacerbe la souffrance de la population. Il soutient un dialogue au niveau international et national au regard de l’architecture de cette crise. Pour lui, la main noire du Rwanda dans la crise sécuritaire qui écume l’Est « n’est plus à démontrer », raison de sa demande à la communauté internationale d’exiger le retrait des troupes rwandaises sur le sol congolais.
« Ce qui se passe au Congo est inacceptable et tout le monde doit demander au Rwanda de retirer ses troupes en République démocratique du Congo pour qu’elle retrouve la paix », a-t-il déclaré à nos confrères, accusant le Rwanda de violer le droit international, la charte des Nations unies.
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Dépassionner le débat autour du dialogue
Pour la résolution de la crise qui sévit dans l’est, principalement au Nord et au Sud-Kivu, pour l’opposant Kabund, nul n’est besoin d’exclure le recours à un dialogue avec toutes les parties prenantes à la crise. Il s’agira d’une solution politique : elle permettra au pays d’aborder en « deux temps » cette crise et de pallier les déficits ou les insuffisances de l’armée congolaise.
À titre illustratif, pour Kabund, il faudra soutenir le processus de Luanda, censé réunir Tshisekedi et Kagame autour d’une même table afin d’obtenir une cessation définitive.
« Ce n’est qu’à cette condition qu’un dialogue national pourra maintenant avoir lieu avec le M23 comme parti au conflit (…). Dire qu’on ne va pas négocier avec le M23, c’est une absurdité. Le dialogue avec le M23, tout comme l’ensemble de la classe politique et la société civile, c’est un impératif catégorique pour trouver la solution durable au problème de l’Est », estime l’opposant.
Lors d’une rencontre avec les députés, les sénateurs et les figures emblématiques de l’Union sacrée, sa coalition, Tshisekedi est resté ferme sur son refus de dialoguer avec le M23, mais désire dialoguer avec le président, accusé comme auteur intellectuel de l’insécurité dans les Kivu. La prise de position de Kinshasa est aux antipodes du point de vue partagé par d’autres leaders qui prônent un dialogue qui inclura également l’AFC/M23, ce que le président congolais qualifie « d’humiliation ».
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Une situation sécuritaire et humanitaire alarmante
Pendant un point de presse mardi 4 mars à Genève, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés affirmait qu’aux seuls mois de janvier et février, environ 80 mille Congolais ont franchi la frontière pour se réfugier en majorité au Burundi. De l’autre côté, d’importants mouvements, avec notamment un afflux de la population, se poursuivent vers les territoires de Masisi, Nyiragongo et Rutshuru. Là, s’inquiète le HCR, les services de base sont quasi insignifiants pour faire face à l’afflux des personnes.
Rédaction