Archives

    Le président ougandais Yoweri Museveni a annoncé ce samedi 29 mars 2025 sur X la signature d’un accord « historique » avec les Émirats arabes unis (EAU) pour la construction d’une raffinerie de pétrole dans le district de Hoima, d’une capacité de 60 000 barils par jour. Toutefois, cette initiative relance le débat sur la gestion des ressources transfrontalières avec la RDC.

    L’accord, signé avec la société émiratie Alpha MBM Investments LLC, marque une étape clé dans la stratégie ougandaise de valorisation de ses ressources naturelles. « Nous devons cesser d’exporter des matières premières et ajouter de la valeur à tout ce que nous produisons », a déclaré Museveni, remerciant le Cheikh Mohammed Bin Maktoum pour cet engagement.

    La raffinerie, située dans la région du Graben albertin – bassin riche en pétrole partagé avec la RDC – permettra à l’Ouganda de produire et d’exporter des produits raffinés plutôt que d’importer du carburant. Un pas de plus vers l’autosuffisance énergétique pour le pays.

    La RDC réclame sa part dans le gâteau pétrolier

    Jean Bamanisa, ancien gouverneur de l’Ituri et figure politique congolaise, a réagi vivement à cette annonce ce dimanche 30 mars 2025. Rappelant que les réserves pétrolières du Graben albertin sont partagées entre les deux pays, il a déploré l’absence de consultation de la RDC dans ce nouveau partenariat.

    « Depuis 2008, nous avions posé ce dossier sur la table du Parlement et du Gouvernement ! », a-t-il tweeté. « Nous devrions opérer en unitisation », une pratique courante dans l’industrie pétrolière pour exploiter conjointement des gisements transfrontaliers.

    Bamanisa a rappelé ses avertissements passés, notamment lors de discussions en 2015 avec des investisseurs russes (VTB Capital et ROSTEC), sur les risques d’instabilité si la RDC était exclue. « Il sera mal vu par les Congolais de consommer du pétrole venant de Hoima sachant qu’il provient des poches transfrontalières de la Semuliki », a-t-il insisté.

    Un enjeu sécuritaire et économique

    L’ancien gouverneur a critiqué la gestion « par intérêts privés » plutôt qu’étatique des négociations pétrolières, dénonçant des intermédiaires « sans expertise » ayant bloqué les avancées de la RDC. Pour lui, cette affaire dépasse le cadre économique : « La stabilité sécuritaire des provinces de l’Est de la RDC et de l’Ouganda en sont tributaires »

    Alors que Kampala avance rapidement dans ses projets énergétiques, Kinshasa est appelé à réagir. « S’il y a un nouvel accord avec les EAU, qu’attend l’État congolais pour négocier sa participation ? », interroge Bamanisa.

    A lire aussi : Tshisekedi à Davos pour le forum économique mondial : focus sur la coopération mondiale et le climat

    Cet accord ougando-émirati pourrait donc être à la fois une opportunité économique majeure pour la région et une source de tensions si les droits de la RDC ne sont pas pris en compte. Les prochains mois seront décisifs pour savoir si les deux pays parviendront à une coopération équitable – ou si les vieux contentieux ressurgiront.

    Verite Johnson

    Leave A Reply

    error: Content is protected !!