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    A quelle condition le territoire d’Aru doit-il espérer diriger l’ituri après état de siège?(analyse)

    L’élection du prochain gouverneur de l’ituri renvoyée aux calendes grecques suite à l’état de siège toujours en vigueur dans cette province, n’a cependant pas encore livré ses secrets.

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    Si toute l’opinion de l’ituri s’attend à ce que le prochain gouverneur de province soit un ressortissant du territoire d’Aru, après le tour de ceux de Mambasa et Irumu, il y a cependant des conditions à remplir.

    Parmi ces conditions, le profil des candidats qui seront alignés ainsi que leur capacité à taire les divergences et se ranger derrière un seul ticket.

    Déjà, quatre noms circulent parmi ceux qui souhaitent occuper le fauteuil du gouvernorat, mais tous ou presque, sont critiqués et souvent décriés.

    Dans notre analyse, nous allons tenter de décortiquer chacun de ces candidats, en relevant leurs points forts ainsi que les points faibles.

    1. D’abord, Adjio Gidi, ancien soldat de l’armée nationale, puis député provincial élu en 2011 avant d’être désigné par ses pairs vice-président de la toute première assemblée provinciale de l’ituri à l’issue du démembrement de l’ex province orientale en 2015. Au gouvernement Bamanisa 2, il a exercé les fonctions de ministre provincial de l’intérieur jusqu’à l’avènement de l’état de siège qui a renvoyé en veilleuse le gouvernement civil, laissant la place aux militaires. Aux dernières élections, il a été élu député national avant d’annoncer également son intention de diriger l’ituri après l’état de siège.

    En parcourant ce riche profil, on sait comprendre que l’homme mérite d’exercer ces prestigieuses fonctions de gouverneur de province.

    Mais s’il y a un grand handicap à sa candidature, c’est le fait qu’il soit aligné sur la liste du parti BUREC appartenant à Julien Paluku. Une bonne opinion estime qu’il pourrait devenir un Gouverneur de façade et que c’est Julien Paluku qui dirigerait l’ituri par procuration, ce qui aux yeux de nombreux ituriens, est inacceptable connaissant toute la méfiance qui existe souvent entre eux et les membres de la communauté Nande. En effet certains ituriens considèrent les Nande comme des envahisseurs politiques en quête d’hégémonie. Déjà en territoire de Mambasa, 4 sur les 5 députés provinciaux élus sont des sujets nande, une situation qui n’est pas vue d’un bon œil par les autochtones.

    2. Étienne Unega Egge, directeur de cabinet sortant du gouverneur Luboya, ancien commissaire spécial nommé par Joseph Kabila juste après l’avènement de la province, ministre provincial honoraire et député provincial élu aux dernières élections. Cet avocat de formation traine derrière lui un long parcours faisant de lui l’un des meilleurs candidats à ce poste de gouverneur de province. Il pourrait également avoir la chance d’être désigné candidat de l’Udps le parti présidentiel et pourquoi pas, le ticket gagnant de l’union sacrée.

    Cependant un problème majeur pourrait conduire à son échec. Le fait qu’il ne serait pas consommé par les leaders politiques d’Aru qui ne l’auraient jamais considéré comme l’un des leurs. Ce notable de la tribu Ndo Okebo située à cheval entre les territoires d’Aru et de Mahagi, est souvent considéré comme un sujet Alur, pourtant c’est pour le compte du territoire d’Aru qu’il venait d’être élu député provincial. Nombreux lui reprochent le fait de ne s’être jamais rapproché de son territoire d’origine tout le temps qu’il a passé aux affaires.

    Autre grief contre lui, c’est son attitude personnelle. Monsieur Unega serait un “homme seul” qui ne fréquente jamais les autres, un homme enfermé sur lui-même et qui souvent a du mal à prendre des décisions. Pourtant, le poste de gouverneur de province exige une grande capacité à fédérer et à prendre des décisions y compris dans des moments ou même des contextes difficiles.

    3. Adjio Ezu Fidèle, chef de division provinciale de la culture et des Arts. Son nom circule également parmi les prochains candidats au poste de gouverneur de l’ituri. Quasi inconnu sur la scène politique provinciale, ce cadre de l’administration publique serait soutenu par le puissant opérateur économique d’Aru, Kenda Odu, une rumeur qui circule mais qui n’a jamais été ni confirmée ni démentie par l’intéressé.

    Hormis ce prétendu soutien qu’il attend de la part du “Boss Kenda” comme aiment l’appeler affectueusement ses proches, la candidature de Monsieur Ezu pourrait ne pas faire long feu au vue de son inexpérience en politique ainsi que la pauvreté de son profil, lui qui n’a jamais occupé un poste qui le prépare à occuper ces hautes fonctions.

    4. Kanyi Donatien, ancien député national et candidat actuel pour les sénatoriales, est un autre dont le nom circule pour les prochaines élections du gouverneur en Ituri. Il faut avouer que nous ne connaissons que très peu sur ses soutiens tant politiques que financiers, mais ceux qui le connaissent nous le présentent comme un intellectuel respectable, éloquent et perspicace. Cependant cet iturien vivant à Kinshasa aura du mal à convaincre les députés provinciaux, y compris ceux d’Aru, qui lui reprocheront certainement sa faible maîtrise des problèmes de la province ainsi que son déphasage quasi total avec Aru sa terre natale.

    Après avoir parcouru tous ces profils des candidats que le territoire d’Aru compte aligner, on note que tous ou presque, sont hautement critiquables et portent les germes de leur propre échec aux gouvernorat, lorsqu’on sait que les autres territoires de l’ituri se réservant le droit de compétir et d’aligner des candidats beaucoup plus intéressants.

    D’où la nécessité pour les leaders d’Aru de continuer à creuser et trouver un “oiseau rare” qui sera capable de convaincre tous ces 4 candidats à s’aligner derrière lui et à battre dans les urnes n’importe quel autre adversaire. C’est une nécessité si les ressortissants d’Aru souhaitent vraiment loger l’un des leurs au gouvernorat de l’ituri. Agir autrement, c’est ouvrir un boulevard à n’importe quel candidat sérieux que les autres territoires pourraient aligner.

    Et parmi ceux qui pourraient devenir cet oiseau rare dont Aru a besoin, il y a le nom d’un jeune notable qui circule, Godi Drudra Richard. D’après les informations nous parvenues, ce candidat sénateur évoluant à Kinshasa, aurait le soutien d’un bon nombre d’opérateurs économiques d’Aru et sa candidature est à prendre au sérieux.

    La Rédaction

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