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    Le silence de la douleur a enveloppé Bunia ce lundi 28 avril 2025. La ville s’est arrêtée pour rendre un dernier hommage à Jonathan Lero Unen, alias Young’B, une des étoiles de la musique iturienne, retrouvé mort dans sa chambre dix jours plus tôt, à seulement 28 ans.

    Sous un ciel lourd, c’est à l’espace vert Epo Ville en plein cœur de la capitale provinciale de l’Ituri, que la dépouille de l’artiste a été exposée. Là, la foule venue nombreuse a exprimé son chagrin. Larmes, tristesse, émotions : les visages parlaient d’eux-mêmes. Bunia pleure l’un de ses enfants les plus prometteurs.

    Les autorités, les artistes, ses amis, ses fans… tous ont tour à tour déposé des gerbes de fleurs devant son cercueil, ultime geste d’amour envers celui qui, par sa musique, portait, lui aussi, les espoirs et les douleurs d’une génération.

    « Ça me fait mal au cœur », lâche J Five, vêtu de noir, la voix tremblante, au nom du collectif d’artistes qui devait partager avec lui la scène lors du concert de la paix du 20 avril.

    Saimon Cornel, un autre artiste ému, rappelle avec gravité : « La mort de Jonathan nous enseigne que rien n’est plus précieux que la vie ». Son appel à mettre Dieu au centre de la vie résonne longtemps, déclenchant une salve d’applaudissements dans l’assemblée meurtrie.

    Un géant dans le cœur de l’Ituri

    Young’B n’était pas qu’un artiste ; il était une voix, un visage, une fierté. Au sein du groupe mythique Clever Boys, il avait su imprimer son style : un flow percutant, des textes profonds, une présence scénique hors norme. Il chantait l’amour, dénonçait les injustices, appelait à la paix.

    Même loin de l’Ituri, à Goma, il n’a jamais cessé de faire briller sa terre natale. Il reste à ce jour, le seul rappeur iturien à avoir foulé la grande scène du Festival Amani, symbole de l’espoir en Afrique centrale.

    Né en 1996 et originaire de Mahagi, l’un des territoires de l’Ituri, Young’B était un artiste enraciné dans sa culture, passionné et rengagé jusqu’à son dernier souffle.

    « L’ambassadeur de la musique iturienne » s’en est allé

    Le maire de Bunia, commissaire supérieur principal Mbui Kola Bosco, ne cache pas son émotion : « C’est l’ambassadeur musique iturienne qui s’en va ».

    Irène Vaweka, conseillère du gouverneur en charge de la culture, invite la foule à applaudir Jonathan, pour honorer une vie dédiée à l’art. Elle était entourée des artistes (musiciens, comédiens, humoristes…)

    À l’Epo ville et autour du cercueil, ils sont nombreux à pleurer : Didier Kunga, Saimon Cornel, LB3 Tate, Balca Ls Sheguey, Ya G, Black Spirty, Fabro Mix, Rachel Masika Mali, Nathan Nathanael Kamali… tous ses frères de musique, dévastés.

    Alors que la douleur est encore vive, des voix s’élèvent pour réclamer la lumière sur les circonstances de sa mort. Des discussions sont engagées avec les autorités pour faire la vérité.

    Après l’exposition à Epo Ville, le cortège s’ébranle lentement vers le cimetière de Nyamurongo. La circulation est bloquée, Bunia est figée. Sur les trottoirs, dans les véhicules, partout, des regards embués accompagnent le passage du cortège.

    Young’B repose désormais à jamais, mais dans les cœurs de Bunia, sa voix ne cessera jamais de chanter.

    Verite Johnson

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