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    Bungama est parmi les blessés pris en charge « gratuitement » par Médecins sans frontières à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri. Il a risqué d’être tué à Djugu. Mais ses amis n’ont pas survécu. La peine est toujours là, les souvenirs encore présents.

    En mai 2024, il a frôlé la mort quand lui et ses amis ont été attaqués par « la milice CODECO » à Kilo-État, dans le territoire de Djugu. Depuis le lit de l’hôpital, il accepte de raconter à buniaactualite.cd son histoire émouvante.

    Espoir, engagement entre le lit et la béquille, Bungama essaye d’oublier ce qui s’est passé. Pied gauche bandé, pendant sa période de rééducation, une seule date lui vient constamment en esprit : le 11 mai 2024.

    Ce jour-là, comme à chaque fois, il s’est levé et parti chercher de quoi nourrir sa famille. À la carrière d’or, sa principale activité, ils ont été surpris par des éléments de la milice CODECO en plein jour. De  normale à celle d’un blessé, sa vie a basculé au bout de quelques secondes.

    « Ils (miliciens de la CODECO) nous ont surpris en pleine activité (de l’exploitation de l’or, ndlr). Ceux qui n’avaient pas eu le réflexe de fuir ont été tués sur place. Nous qui avons fui, ils ont tiré sans cesse sur nous de coups de balles », relate-t-il.

    Bungama, père d’un enfant, a eu la vie sauve quand il est « tombé dans un trou » après avoir été atteint de deux balles au pied gauche. Tombé dans un trou, c’était un autre drame, mais pas mal pour se sauver des tirs d’armes à sa direction.

    Derrière lui, 8 de ses amis ont été abattus « sans qu’on leur demande leur avis » ou, mieux, « sans jugement ». Des éléments de la milice avaient la dernière décision à prendre sur leur vie. La séquelle au pied bandé lui rappelle encore la triste histoire.

    « Après que je sois tombé dans le trou, ils ont continué à tirer dans ma direction (…) Oui, mes amis ont été tués, j’ai vu 8 corps », poursuit-il.

    De son trou, il s’est tiré jusqu’à chez lui à l’aide d’un stick qui lui servait d’une béquille. À l’hôpital, il n’était pas le seul. 2 de ses amis qui étaient aussi blessés viennent de finir les soins et regagner leur domicile.

    Bungama, sur le lit de l’hôpital pour les soins médicaux.© Verite Johnson 

    Le beau-brun, tatoué au pied droit, poursuit sa rééducation. 3 mois après, il tient sa béquille sans l’aide supplémentaire. Sa femme veille tout de même sur lui en permanence pendant que son enfant vit à Kilo.

    « Ici, je suis bien soigné, je mange bien », il gratifie MSF qui le prend en charge sans payement du moindre frais.

    Le contrôle des sites miniers est l’une des principales causes, si pas la grande, pour lesquelles les armes continuent à faire des victimes à Djugu, malgré le régime militaire instauré pour restaurer l’autorité de l’État. Des autorités provinciales ont affirmé que les groupes armés se disputaient le contrôle des sites miniers.

    Verite Johnson

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