En conférence de presse ce 27 avril 2025 au centre d’Ingbokolo en territoire d’Aru à plus de 300 km au Nord de la province de l’Ituri, le député provincial Ayile Wayi Joseph, juge « très chaotique » l’état de siège après 4 ans d’existence. Il souhaite la levée pure et simple de cette mesure spéciale décrétée par le président de la République.
« L’état de siège était institué depuis le 03 mai 2021 par le président de la République en Ituri et au Nord-Kivu pour imposer la paix. Aujourd’hui, nous sommes à la 97ᵉ prorogation sans objectif bien défini que même l’assemblée provinciale ne connaît pas. Oui, bien sûr, l’état de siège n’a pas rendu possible la remise en pouvoir aux députés provinciaux. Nous avions travaillé depuis février jusqu’à juin sans incident, mais, arrivés en septembre, le ministre de l’Intérieur va nous dire de ne plus travailler, c’est parce que nous sommes sous état de siège. Mais sachons tous, après 4 ans passés, que la paix n’est pas revenue en Ituri, chose qui a poussé le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, à recourir à l’armée du pays voisin, bien sûr le UPDF de l’Ouganda, pour maintenir la paix », a indiqué le député Ayile Wayi Joseph, élu du territoire d’Aru.
Dans les questions de savoir si l’état de siège peut avoir un avenir prometteur en Ituri, le président du caucus des députés provinciaux d’Aru dit « non ».
« Pour moi, on doit arrêter de tromper la vigilance de la population avec l’état de siège. Quand les troubles ont commencé, en 2017, nous avions notre armée et police, et quand un civil prend l’arme, nos forces de sécurité ont l’obligation de l’arrêter, soit de neutraliser l’ennemi si c’est nécessaire pour maintenir la paix. À cette année-là, à Djugu et Irumu, nos forces de sécurité étaient là jusqu’à la prise de pouvoir par l’état de siège en 2021, mais, chose grave jusqu’aujourd’hui, nous assistons à la faiblesse sur faiblesse. Ayons honte quand on a échoué dans une mission. On n’avait que 4 groupes armés au début, mais aujourd’hui, il y en a plus de dizaines… Remettons le pouvoir à nos civils, que l’armée rentre à sa place, les policiers à leur place, les députés provinciaux aussi, et qu’ils doivent élire un gouverneur pour qu’il puisse faire son gouvernement, voir qui va faillir à sa mission, et la population doit sincèrement comprendre cette réalité. Le pays doit revenir à la normale », a-t-il poursuivi .
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Et d’ajouter à buniactualite.cd :
« On a fermé l’assemblée provinciale pour rien. Si on ne devait pas fonctionner comme aujourd’hui, on ne devrait pas organiser les élections pour que nous soyons élus en Ituri, on ne devrait pas nous réunir pour valider nos mandats, moins encore terminer la première session de mars 2024 sans incident (…). Les gens ont visé leurs intérêts privés et non l’intérêt du peuple. Aujourd’hui, la province est gérée par l’état de siège, qui n’accepte pas qu’elle soit contrôlée, et les autorités provinciales n’invitent jamais les élus provinciaux pour échanger sur la gestion de notre province. Le président de la République a mis un moyen suffisant aujourd’hui comme rétrocession pour le développement de l’Ituri, mais malheureusement l’utilisation est restée sans contrôle. Nous devons jeter des fleurs au chef de l’État, qui a décidé et a mis des moyens pour que l’Ituri ait le goudron, les universités… Nous demandons que le président de la République nous invite pour nous écouter sur la vie de l’Ituri, car l’heure est venue pour que le peuple soit libéré de ce régime spécial ».
Etsoni Ondoa Isaac